FORÊT DE SHERWOOD
C’est l’automne. Les arbres sont nus. Alors que les feuilles mortes tapissent le sol, Gisborne marche dans la forêt. Aux aguets, il tient son arc prêt à tirer, se tournant en direction de chaque bruit qu’il perçoit comme une menace. Soudain, il entend la voix de Robin. Il se tourne rapidement dans sa direction en pointant son arc.
Robin : « Tu vois à quel point la vie peut être dure dans la forêt ? »
Son arc est prêt à servir mais il le pointe vers le sol.
Gisborne : « Vous me suivez depuis combien de temps, toi et tes hommes ? »
Robin : « Tu es nerveux. »
Gisborne : « Tu vas répondre ? »
Robin : « Gisborne, j’ai mieux à faire de mes journées que de te suivre… [Il écarte les bras] Et je suis seul. »
Un craquement se fait entendre. Aussitôt, Robin tourne la tête sur le côté. Il regarde et écoute les environs. Gisborne fait de même puis il jette son arc par terre. Robin secoue la tête, regrettant le geste d’orgueil de Gisborne. Ce dernier dégaine son épée et s’avance vers Robin.
Gisborne : « Très bien. »
Robin jette son arc par terre en soupirant.
Robin : « T’es sûr ? »
Gisborne continue d’avancer sans répondre. Robin dégaine son épée et va à la rencontre de Gisborne.
Robin : « T’es vraiment sûr de vouloir régler ça maintenant ? »
Gisborne hausse les épaules.
Gisborne : « Pourquoi pas ? »
Robin : « Sincèrement ?... [Il s’arrête à quelques mètres de Gisborne] Je ne pense pas que tu en aies la force. »
Gisborne : « Je n’ai pas besoin de sommeil ou de nourriture pour tenir. »
Robin : « Qu’est-ce qui te fait tenir alors ? »
Gisborne : « C’est la vengeance. »
Robin : « Contre qui ? Le Prince Jean ? »
Gisborne : « Le Prince Jean peut attendre. Pas Isabella… [Il pointe son épée sur Robin] Et toi non plus. »
Gisborne charge Robin mais il n’a pas le temps de l’atteindre. Une fléchette l’atteint dans le cou. Il s’arrête net et s’écroule sur le sol.
Robin, éberlué : « Gisborne ? »
Inquiet, il commence à regarder autour de lui mais une fléchette se plante dans son cou.
Robin, grimaçant : « Ah ! »
Il tente de rester conscient mais il tombe quand même sur le dos. Il lutte pour garder les yeux ouverts. Il voit alors arriver un individu portant un manteau à capuche venir vers eux avant de sombrer dans l’inconscience.
***** Générique *****
FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Gisborne et Robin son couchés sur le sol de chaque côté d’un feu de camp. Ils sont tous les deux pieds et poings liés. Robin se réveille le premier en grimaçant. Tournant le dos à Robin, Gisborne ouvre les yeux à son tour. Robin reprend complètement ses esprits et comprend qu’il est attaché au beau milieu de la forêt. Gisborne reprend lui-aussi ses esprits mais garde son calme. Au loin, un hibou hulule et un loup hurle.
Robin : « Qu’est-ce que c’est ? »
Gisborne : « Qui a fait ça ? »
Il se tourne vers Robin.
Gisborne : « C’est toi ? »
Robin, secouant la tête : « Non. »
Gisborne tente de se défaire de ses liens.
Robin : « Où êtes-vous ? Vous êtes un lâche de nous avoir pris comme ça ! »
Gisborne : « Allez, montrez-vous ! »
Gisborne regarde devant lui lorsqu’il entend des bruits de pas derrière lui.
Robin, murmurant : « Gisborne. »
Un individu passe entre Robin et Gisborne. Ce dernier s’agite afin de se retourner pour faire face à son agresseur. Robin et Gisborne sont toujours allongés et ligotés mais face à face. L’étranger se dirige vers le feu de camp sans dire un mot. Aux abois, Gisborne et Robin le regardent sans rien dire. L’étranger s’assoit près du feu. De là où ils sont, Gisborne et Robin ne peuvent pas voir son visage, dissimulé sous une grande capuche.
Gisborne : « C’est le Prince Jean qui vous a envoyé ? »
Robin : « Mais non ! C’est encore une ruse de ta sœur… [À l’étranger] Que nous veut Isabella ? »
L’étranger, d’une voix rauque : « Je vous demande de m’écouter et de comprendre. La vie d’une certaine personne en dépend. »
Gisborne, entre ses dents : « J’ai du mal à comprendre quand je suis attaché ! Libérez-moi ! »
L’étranger : « Je vais vous libérer, oui. Vous libérer de cette mésentente qui vous tient enchainé l’un à l’autre. »
Gisborne : « Mais il y a peut-être de bonnes raisons à cette mésentente… [Gisborne regarde Robin avec colère ; regard que Robin lui retourne] Et puis de toute façon que savez-vous de nos vies ? »
L’étranger : « J’en sais plus que vous... Je connais la vérité. »
Robin : « La vérité à propos de quoi ? »
L’étranger : « Je sais comment vos parents sont morts. »
*****
Flashback du passé : Robin a onze ans et se tient devant le manoir de Locksley en flamme. Un prêtre le retient dans ses bras.
Robin, voulant entrer dans le manoir : « Mon père est à l’intérieur… »
*****
Robin regarde la fumée du feu de camp sans rien dire. Les paroles de Robin enfant raisonne encore dans son esprit : « Le tien aussi et puis ta mère ! Fais quelque chose ! »
Robin et Gisborne gardent le silence un moment, se remémorant cette journée.
Gisborne : « Vous avez vu l’incendie... [Regardant l’étranger] Et alors ? »
Robin : « Ça n’a jamais été un secret… Tout le monde sait qu’on est tous les deux devenus orphelins ce jour-là. »
L’étranger : « Il y a certaines choses que vous ignorez concernant votre passé. »
20 ANS PLUS TÔT
Malcolm de Locksley attend dans une grange. Une femme brune, Ghislaine, entre en souriant.
Malcolm : « Oh, Ghislaine… [Elle court vers lui] Je n’ai pas cessé de penser à vous toute la journée. »
Ghislaine le prend dans ses bras pendant qu’il lui embrasse la joue.
Ghislaine : « Nous n’avons pas beaucoup de temps mais si vous voulez qu’on discute… »
Elle l’embrasse.
Malcolm : « Oh, j’attends le jour où nous n’aurons plus à nous cacher dans… dans une vieille remise ou une écurie. »
Ghislaine : « Mm. C’est pour bientôt mon amour. »
Elle l’embrasse de nouveau. À travers une fissure dans le mur en bois de la grange, Gisborne, âgé de dix-sept ans, les observe puis s’en va en courant.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Robin, mécontent : « Mon père n’a aimé qu’une seule femme. Et cette femme, c’est ma mère ! »
Gisborne, levant les yeux au ciel : « Non. Ça c’est ce qu’on t’a raconté. »
Contrarié, Robin regarde sur le côté.
Gisborne, avec mépris : « Ton cher père t’a soigneusement dissimulé la vérité. »
Robin : « De quoi est-ce que tu parles ? »
Gisborne : « Pour te préserver de la réalité comme il l’a toujours fait. »
Robin fixe Gisborne avec colère mais garde le silence. Gisborne secoue la tête en soupirant.
Gisborne : « On t’a pas appris à assumer les conséquences de tes actes. »
Robin réfléchit à ses paroles.
L’étranger : « Tu étais parti sur une voie bien différente de maintenant, Robin. »
DANS LE PASSE – VILLAGE DE LOCKSLEY – LA NUIT
Tout le village est en liesse. Les habitants se préparent à faire la fête. Il y a de la musique, des jongleurs, un cracheur de feu et des acrobates. Un cochon à la broche est transporté vers le foyer pour y être rôti.
Malcolm : « Robin, tu viens aider Swain ? »
Robin enfant : « Oui, père. »
Robin, arc à l’épaule, court rejoindre le père Swain qui roule un tonneau de vin pour la fête.
Ghislaine : « Guy, Isabella. Venez avec moi. »
Elle arrive du manoir avec ses enfants. Elle rejoint la foule et s’adresse à eux. Gisborne se tient à côté d’elle et semble bouder.
Ghislaine : « Mes amis, je suis bien heureuse que vous ayez choisi de vous joindre à moi pour fêter le retour de nos hommes partis en Terre Sainte. »
La foule, plus silencieuse, se rassemble autour du feu où rôti le porc. Malcolm et Robin se tiennent debout de l’autre côté du feu, face à Ghislaine et ses enfants.
Ghislaine : « Malheureusement, tous n’ont pas pu accomplir le voyage de retour. Et j’aimerais, j’aimerais que nous ayons une pensée pour tous les êtres chers qui ont perdu la vie dans l’aventure. Comme vous le savez, je partage votre peine car c’est aussi la mienne. Mon époux est au nombre des défunts. »
Gisborne baisse la tête tout comme sa petite sœur Isabella.
Longthorn : « Lady Gisborne… [Il traverse la foule] Mon devoir en tant que bailli de ses terres m’oblige à demander qui va être Seigneur du manoir ? »
Malcolm : « Longthorn ! Le moment est mal choisi. »
Ghislain : « Non. Il fait bien de demander. Il n’y aura pas de Seigneur... Mais désormais, il y aura une Dame au manoir. »
Longthorn : « Donc… Nous devrions obéir aux ordres d’une femme ?... [Regardant la foule] Et d’une française, en plus ! [La foule rit] Les terres doivent revenir au Seigneur de Locksley. »
Malcolm : « Longthorn… ! »
Longthorn : « Ce village a été offert à votre mari en récompense pour service rendu en Terre Sainte. Maintenant qu’il est mort… [Regardant Malcolm] Il est de votre droit de les réclamer. »
Malcolm : « Un droit que je ne vais pas exercer. Sir Roger a combattu et donné sa vie pour un roi anglais. Sa famille mérite d’être respectée… [À la foule et levant sa coupe] À Sir Roger de Gisborne. »
La foule, levant leurs coupes : « À Sir Roger de Gisborne. »
Déçu, Longthorn s’en va.
Ghislaine : « Maintenant… Pour fêter tous ceux qui nous sont enfin revenus et rendre hommage à ceux qui n’ont pas eu cette chance… [Marchant vers Malcolm et Robin] je vous propose de me suivre et que nous allions admirer ce que nos hommes ont rapporté avec eux de leur voyage. La roue de feu…
Tout le monde se retourne. Derrière Robin et Malcolm, une tour en bois a été installée. Au pied de celle-ci, une roue en bois attend d’être hissée au sommet de la tour.
Ghislaine : «… Elle va illuminer notre ciel pour nous montrer que les jours sombres sont désormais derrière nous. Maintenant, j’ai besoin de deux hommes forts pour hisser la roue et des deux meilleurs archers de tout le comté… [Souriant et mettant sa main avec affection sur sa nuque] Robin ? Tu veux bien m’aider ? »
Robin sourit. Le père Swain, derrière lui, met sa main sur son épaule.
Ghislaine : « Et Guy ? »
Gisborne sourit très légèrement alors que la foule se dirige vers la tour en bois.
Robin enfant, bandant l’arc devant lui : « Père, je peux ? »
Malcolm, le coupant : « Robin… »
Il lui prend l’arc des mains.
Robin enfant : « Oh, j’ai tellement envie de tirer. »
Malcolm : « Tu tireras mais pas avec cet arc, c’est tout. »
Déçu, Robin baisse la tête.
Malcolm, l’attirant contre lui : « Tu n’es pas prêt. »
Malcolm regarde Ghislaine qui s’éloigne puis qui se retourne vers lui. Ils échangent un regard que Gisborne surprend. Malcolm se dirige ensuite vers la tour en bois.
Plus tard, Gisborne et Robin sont au bord de l’étang. Tous deux ont une flèche enflammée encochée à leur arc.
Robin enfant : « Je ne vois pas pourquoi tu te fatiguerais, Guy. Tu ne sais pas te servir d’un arc. J’suis le plus jeune mais tout le monde sait que je tire mieux que toi dans le village. »
Gisborne adolescent : « Ouais. À force de le répéter à tout bout de champs. J’croyais que ton père t’avait dit que t’étais pas prêt ? De pas te servir de cet arc ? »
Robin enfant : « Je vais lui montrer qu’il se trompe. »
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’étang, la roue est hissée sur la tour. Sur celle-ci, une lanterne est posée afin d’éclairer les hommes qui hissent la roue.
Robin enfant : « J’arrive à toucher la lanterne avec ça. Tiens regarde. »
Robin bande son arc mais Gisborne lui prend sa flèche.
Gisborne adolescent : « Arrête de faire l’idiot ! »
Robin attrape en vitesse la flèche enflammée de Gisborne et se dépêche de tirer avant que Gisborne n’intervienne à nouveau. Mais la roue de feu, hissée sur la tour, arrive à hauteur de la lanterne. La flèche se plante alors dans la roue jusqu’à côté de l’explosif. Elle y met le feu et déclenche le feu d’artifice à la stupeur des deux hommes qui hissent la roue dont l’un deux est le père Swain.
Gisborne adolescent : « T’as vu ce que t’as fait ? »
Robin regarde avec horreur le feu d’artifice qu’il a déclenché. Les étincelles pleuvent sur les hommes en bas de la tour. Ils tentent de s’en protéger en fermant les yeux. Malcolm, qui attend en haut de la tour, regarde en bas la catastrophe.
Malcolm : « Non. »
L’un des deux hommes qui hissaient la roue s’éloigne en se protégeant les yeux avec ses bras, laissant Swain, tout seul. Robin laisse tomber son arc au sol et recule tandis que Gisborne tient toujours son arc à la main. Longthorn et les villageois accourent derrière eux pour voir ce qui se passe. Swain tente désespérément de retenir la roue enflammée malgré les étincelles qui lui tombent dessus. Mais la corde lui glisse entre les mains et la roue lui tombe dessus.
Malcolm : « SWAIN ! »
Swain est coincé sous la roue. Malcolm, horrifié, commence sa descente.
Longthorn, pointant du doigt Gisborne : « Attrapez ce gamin ! »
Robin ne bouge pas quand deux hommes s’emparent de Gisborne. Pendant ce temps, Malcolm attrape la corde et hisse la roue pour libérer Swain.
Malcolm : « Venez m’aider ! »
Deux hommes prennent la place de Malcolm et hissent la roue plus en haut. Malcolm se précipite vers Swain. Il le prend par les aisselles et le tire plus loin. Longthorn arrive avec les villageois en tenant l’arc de Gisborne au-dessus de sa tête.
Malcolm : « Ne le touchez pas. Allez chercher le médecin. »
Robin suit Ghislaine qui se fraye un passage à travers la foule. Elle s’agenouille près de Swain.
Ghislaine : « Laissez-moi voir. Je peux l’aider. »
Gisborne, tenu par deux hommes, se tient debout derrière le blessé.
Longthorn à Gisborne : « Regardez. Regardez ce que vous avez fait avec vos bêtises. »
Gisborne adolescent : « J’ai rien fait. »
Longthorn : « C’est qui alors ? »
Robin enfant, avec empressement : « C’est pas moi. »
Longthorn : « Bien sûr que c’est pas vous, maître Robin… [Swain crie] Vous n’auriez pas tiré sur votre père. »
Robin enfant : « Non, je vous le promets. »
Longthorn, pointant Gisborne : « C’est lui qui a tiré la flèche qui a mis le curé dans cet état. C’est un meurtrier. »
Guy adolescent : « J’ai rien fait ! »
Longthorn retire la flèche de Gisborne de la roue et la montre à la foule.
Longthorn : « C’est une des vôtres ? Maître Guy ? »
Ghislaine : « Comment osez-vous ? »
Longthorn : « Ce n’est pas la question. Je ne fais que mon devoir. Un bailli est là pour veiller à ce qu’on respecte la loi. »
Gisborne baisse la tête car il sait qu’on ne le croirait pas s’il disait la vérité.
Malcolm : « Je vous avertis. Vous pouvez arrêter ce garçon mais rien de plus où vous en répondrez devant moi. »
Ghislaine : « Quoi ? Non ! »
Malcolm à Ghislaine : « Il ne sera inculpé que si le prêtre décède. »
Ghislaine réfléchit quelques secondes et réalise que tout repose entre ses mains.
Ghislaine : « Faites le porter dans le manoir. Vite ! »
Malcolm : « Vous avez entendu ? »
MANOIR DE LOCKSLEY
Ghislaine balance par terre la cruche et le plateau posés sur la table pendant que Malcolm et deux autres hommes entrent avec Swain dans leur bras.
Ghislaine : « Doucement ! Là, doucement ! »
Swain est allongé sur la table.
Malcolm aux deux hommes : « Sortez ! Laissez-nous ! Laissez-la faire ! »
Ghislaine palpe la poitrine de Swain.
Ghislaine : « Il a une côte cassée… et elle lui a perforé un poumon. Il ne peut plus respirer. L’air ne passe plus. »
Malcolm : « Je peux faire quelque chose ? »
Ghislaine se retourne et attrape un couteau.
Ghislaine : « Oui. »
Elle palpe le haut de la poitrine de Swain.
Malcolm : « Qu’est-ce que vous faites ? »
Robin entre dans la pièce.
Ghislaine : « Ça va permettre à l’air de passer. »
Robin enfant : « Père, venez ! »
Malcolm se tourne vers son fils pendant que Ghislaine enfonce le couteau dans la poitrine de Swain. Ce dernier hurle de douleur puis commence à mieux respirer.
Ghislaine à Swain : « Allez-y ! Respirez. Doucement. Ça va mieux ? »
Swain se calme graduellement.
Robin enfant : « Père, ils vont pendre Guy ! »
Catastrophés, Ghislaine et Malcolm se tournent vers Robin.
Malcolm : « Hein ? »
Ghislaine regarde Swain puis Malcolm.
Ghislaine, inquiète : « Je ne peux pas le laisser. Je ne peux pas le laisser comme ça. »
Malcolm : « Je vais régler cette histoire. »
Malcolm quitte le manoir ; Robin sur ses talons. Ghislaine reporte son attention sur son patient.
LOCKLSEY
La foule est rassemblée autour de Longthorn.
Longthorn : « Vous avez vu comment elle s’est déclarée elle-même ‟Dame du manoir″ ? »
Les villageois l’approuvent. Malcolm traverse la foule, suivi de près par Robin.
Longthorn : « Elle n’a aucun droit sur ces terres. »
Derrière lui, Gisborne baisse la tête. Il se tient debout, sur une caisse, au pied de la tour en bois, encadré de près par deux hommes.
Longthorn : « Comme on dit, œil pour œil. Le meurtrier doit être pendu. »
Malcolm, s’avançant au centre des villageois : « Auriez-vous tous perdu la raison ? Si vous faites une chose pareille, vous aurez affaire à moi. »
Longthorn : « Nous devons tous payer pour nos mauvaises actions, Seigneur. »
À la vue de Guy, Robin s’arrête.
Malcolm : « Il était dit que vous ne deviez pas le toucher. »
Longthorn : « Vrai. Mais maintenant j’y suis obligé de par la volonté du peuple… [Un hennissement et des bruits de sabots se font entendre]… qui réclame justice… [Un croisé sur un cheval blanc s’arrête derrière la foule et descend de sa monture]… et pour le satisfaire… »
Un homme enfile une cagoule sur la tête de Gisborne.
Malcolm : « Ainsi vous me forcez la main. »
Il commence à sortir son épée de son fourreau.
Le croisé : « Arrêtez ! Je vous ordonne d’arrêter ! »
Longthorn : « De quel droit ? »
Le croisé, traversant la foule : « Celui du roi… qui m’a fait Seigneur de ces terres. Je suis Roger de Gisborne, [Pointant Guy] le père de ce garçon. »
Longthorn : « Non, c’est faux ! »
Roger, tournant sur lui-même : « Quoi ? Vous mettez ma parole en doute ? »
Malcolm : « Nous vous avons cru mort. »
Roger : « J’étais prisonnier. Pas mort… [Faisant un signe de tête à Longthorn] hors de mon chemin. »
Longthorn brandit une dague sous le nez de Roger de Gisborne.
Longthorn : « Non, je n’en ai pas le droit… [Roger s’arrête brusquement puis recule devant la menace de la dague] En tant que bailli, je dois faire appliquer la loi. »
Robin s’approche pour mieux voir.
Roger : « Vous n’êtes plus bailli. Hors de ma vue ! »
Roger s’avance. Longthorn poignarde Roger. Pour se protéger, Roger lève la main gauche. La dague la transperce sans que Roger n’hurle de douleur. Malcolm se rue sur Longthorn et le repousse.
Roger : « Oh, Seigneur ! »
Malcolm se tourne vers Roger et aperçoit la dague transperçant la main de Roger. Les villageois sont horrifiés lorsque Roger retire la dague de son main sans tressaillir de douleur.
Roger à Longthorn : « Vous n’occuperez plus jamais cette office tant que je serai Seigneur de ce domaine. »
Tout en fixant Longthorn, il jette par terre la dague puis se rend près de son fils. Il lui retire la cagoule de sa tête.
Ghislaine, courant dans la foule : « Il va vivre ! Swain ne mourra pas ! »
Roger aide son fils à descendre. Ghislaine s’arrête à la vue de Roger.
Ghislaine, sous le choc : « Roger ?... On m’avait dit que… »
Roger : « J’ai été fait prisonnier. Je n’avais aucun moyen de vous le faire savoir. »
Ghislaine : « Ça dû être affreux ? »
Roger : « Il faut que je vous parle très vite, Ghislaine. »
Au lieu de prendre sa femme dans ses bras, Roger passe à côté d’elle et s’éloigne, laissant Ghislaine en état de choc. Malcolm et Robin le regardent partir puis Robin, honteux, baisse la tête.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Robin : « J’ai sincèrement regretté ce qui s’est passé ce soir-là. C’était une grave erreur… qui m’a beaucoup appris… [Gisborne jette un coup d’œil sur le côté mais garde le silence] et c’est en partie ça qui m’a rendu meilleur.
DANS LE PASSE – VILLAGE DE LOCKSLEY – LA LENDEMAIN MATIN
Robin est agenouillé à côté de la tombe de sa mère. Son père se tient debout à ses côtés, son arc à la main.
Robin enfant : « Vous croyez que mère me regarde… du paradis ? »
Malcolm : « Oui. J’en suis convaincu. Je suis persuadé qu’elle voit tout ce que tu fais. »
Robin enfant, réfléchissant un petit moment : « Père… C’est moi qui ai tiré cette flèche… [Levant les yeux sur son père] J’ai voulu faire le fier… en tirant avec votre arc. »
Malcolm, s’agenouillant : « Robin… »
Il met sa main sur l’épaule de son fils.
Malcolm : «… Dans quelques années, c’est toi qui va être le Seigneur de Locksley. Et le Seigneur de toutes mes terres. Tu dois grandir et assumer ta part de responsabilité quand tu commets des erreurs. Tu peux être le meilleur archer d’Angleterre. Tu ne dois pas te taire et laisser une injustice se produire simplement parce que tu crains de faire ce qu’il faudrait. Tu comprends ? »
Robin enfant, acquiesçant de la tête : « Oui. »
Malcolm, satisfait, lui ouvre les bras. Robin se jette dans ses bras.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Robin repense à ce moment.
Gisborne, sarcastique : « Oh ! Comme c’est touchant… [Agacé] Écoutez, je ne vois vraiment pas où vous voulez en venir. »
L’étranger : « Vous devez connaître la vérité… pour sauver une vie. »
DANS LE PASSE – FORÊT DE SHERWOOD – QUELQUES JOURS PLUS TARD – LA NUIT
Ghislaine attend dans les bois. Malcolm arrive au galop. Il descend de son cheval. Ghislaine lui sourit tristement. Ils s’étreignent. Malcolm soupire.
Malcolm : « On devrait pas faire ça. »
Ghislaine : « Malcolm… »
Malcolm : « J’ai fait ce qu’il me semblait être le plus juste. J’ai tout fait pour vous éviter. Vous ne pouvez pas savoir comme ça pu être dur. »
Ghislaine : « Oh, bien sûr que si je sais. Mais vous comprenez que je dois faire attention à Roger. »
Malcolm : « Oui. Je comprends mieux que vous ne croyez. Je sais de quel mal, il souffre. »
Ghislaine : « Comment ? »
Malcolm : « Le soir de son retour… Longthorn lui a transpercé la main avec sa dague, et lui, il n’a même pas crié. »
Ghislaine, inquiète puis : « Oui. Il m’a dit qu’il avait contracté ce mal en Terre Sainte. Il tenait absolument à rentrer à la maison pour passer ses derniers jours auprès de sa famille. Il a fait tout ce chemin tout seul en laissant partir ses soldats pour qu’ils ne soient pas au courant. »
Malcolm : « Ça va vite se savoir. On jase beaucoup sur ses bandages et le fait qu’il ne mette pas le nez dehors. »
Ghislaine : « C’est sûr, voyons ! Il est malade ! »
Malcolm : « Il a la lèpre ! Si jamais ça se sait, vous serez tous bannis et relégués. »
Ghislaine se met à pleurer. Malcolm la serre contre lui pour la réconforter.
Malcolm : « Vous n’auriez jamais dû vous retrouver dans une telle situation, Ghislaine. »
Elle soupire.
Ghislaine : « J’ai autre chose à vous dire. »
Malcolm la libère puis recule. Il s’attend à ce qu’elle parle mais elle se frotte le ventre, révélant une légère bosse. Malcolm a compris et pose délicatement sa main sur son ventre. De son poste d’observation, Longthorn les épie et comprend également la situation. Puis il retourne à Locksley, laissant Malcolm et Ghislaine tout seul. Malcolm attire Ghislaine à lui et l’étreint.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Robin à l’étranger : « Des mensonges ! Encore ! »
Gisborne : « Il n’y a jamais eu d’enfant. »
L’étranger se lève en dégainant sa dague. Gisborne s’effraie. Robin se tient sur ses gardes.
Gisborne : « Quoi ? Qu’est-ce que vous faites ? »
L’étranger : « Si vous pensez que je mens, vous n’avez rien à faire ici. »
Gisborne : « Donc, vous allez me tuer alors que je n’ai aucun moyen de me défendre ? Je n’en attendais pas moins de votre part… [L’étranger s’avance vers Gisborne] Bailli Longthorn ! »
L’étranger coupe la corde autour des chevilles de Gisborne. Ce dernier s’empresse de défaire ses liens. Puis il libère Robin qui s’empresse également de se libérer.
L’étranger : « Écoutez mon histoire ou allez-vous en. [Gisborne fait quelques pas. Robin s’apprête à partir] Mais si vous faites ça, votre frère mourra. »
Gisborne et Robin s’arrêtent.
L’étranger : « Voulez-vous avoir ce poids sur la conscience ? »
Robin retourne près du feu. Gisborne regarde Robin.
Robin : « Allez-y, continuez. »
DANS LE PASSE – FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Ghislaine : « Vous comprenez maintenant ? Je dois partir. Roger ne pourra en aucune façon ignorer que cet enfant n’est pas le sien. »
Malcolm : « Je vais déclarer mes sentiments pour vous et nous fonderons une famille. »
Ghislaine : « Mais enfin, je suis une femme mariée. »
Malcolm : « Si Roger est découvert, ils vont le bannir du village. On va lui enlever ses titres, ses terres, et vous, vous n’aurez rien. Écoutez, Ghislaine. S’il est déclaré lépreux, on va vous donner le choix. Vous aurez le droit de vous déclarer veuve. »
Ghislaine : « Mais ce serait un mensonge… aux yeux de Dieu et… »
Malcolm, la coupant : « Aux yeux de la loi, vous serez une femme libre. »
Ghislaine : « Mais euh… le bébé va naitre. Les gens sauront malgré tout. Roger n’est rentré depuis assez longtemps pour... »
Malcolm : « Notre enfant verra le jour en secret. Je m’arrangerai pour qu’il soit emmené au loin. »
Ghislaine : « Non ! Non, c’est pas juste… »
Malcolm, la coupant : « Seulement pour quelques temps. Quand vous serez remise de vos couches, vous pourrez faire un pèlerinage et le ramener avec vous. Vous direz que c’est un enfant trouvé, un orphelin. De cette façon, nous pourrons fonder une famille. »
Ghislaine réfléchit un petit moment puis acquiesce légèrement de la tête.
DANS LE PASSE – MANOIR DE LOCKSLEY – UN PEU PLUS TARD
Roger de Gisborne est assis près de la cheminée. Ghislaine ouvre la porte et entre sans apercevoir son mari. Elle ferme la porte puis fait quelques pas et voit Roger.
Ghislaine, lui souriant : « Oh, Roger… Je ne m’attendais pas à vous trouver là. J’ai eu une nuit agitée. Je suis allée faire un tour à cheval. »
Roger, lui jetant un bref coup d’œil : « Oui, bien sûr… Et en cours de route, vous n’avez croisé personne ? Malcolm de Locksley, par exemple ? »
Surprise, Ghislaine ne répond pas tout de suite.
Ghislaine : « Comment le savez-vous ? »
Roger, la regardant : « Parce que je suis votre époux. »
Roger reporte son attention sur le feu. Ghislaine s’approche et s’agenouille devant lui.
Ghislaine, lui prenant la main : « Moi, votre épouse qui vous a trahit. »
Elle pose son front sur la main de son mari.
Roger : « Non… [Il l’oblige à redresser la tête] C’est moi qui aie été un piètre époux… en vous laissant seule et en vous revenant dans ce triste état. »
Ghislaine : « Ne dites pas ça, Roger. »
Roger : « Vous ne saurez jamais à quel point je vous suis redevable pour avoir gardé mon secret… [Elle retient ses larmes] et m’avoir permis de finir mes jours auprès de vous et de mes enfants… Je suis heureux… que vous ayez trouvé quelqu’un qui veillera sur vous quand je ne serai plus là. »
Il l’oblige à se relever et à s’assoir sur le fauteuil en face de lui tout en lui tenant la main.
Roger : « Je ne demande qu’une chose. Ce serait qu’il est la patience d’attendre jusqu’à là. »
Ghislaine, émue : « Roger… Il vous faut partir… [Il fronce les sourcils] mais pas pour moi. Pour vous, Roger. Très vite. »
Roger : « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? »
Ghislaine : « Je suis désolée… [Elle recule sur sa chaise] J’ai cru bien faire mais… [Elle se relève] Vous devez vous en aller immédiatement. »
Quelqu’un frappe à la porte. Au comble du désespoir, Ghislaine ferme les yeux.
Ghislaine : « Non, pas déjà. »
Swain ouvre la porte. Roger se relève. Longthorn entre à son tour. En chemise de nuit, Guy et Isabella descendent les escaliers. Malcolm entre le dernier.
Swain : « Sir Roger, je crois que vous savez pourquoi nous sommes là. »
Ghislaine tente de retenir ses larmes.
LOCKSLEY – LE LENDEMAIN MATIN
Roger de Gisborne traverse le village en portant une petite clochette autour du cou. Il est suivi par Swain, Longthorn, Ghislaine et ses enfants et Malcolm et Robin. Ils arrivent dans le cimetière. Roger s’arrête devant un trou creusé dans le sol. Le reste des villageois les rejoint mais ils gardent leur distance. Swain et Longthorn se tiennent derrière Roger.
Ghislaine à Swain : « Vous pourriez avoir un peu de pitié. Je vous ai sauvé la vie ! »
Swain : « Je suis navré. C’est la volonté de Dieu. »
Roger le regarde puis saute dans le trou. Il se retourne pour faire face aux villageois. Ghislaine se met à pleurer.
Swain : « Roger de Gisborne, vous êtes un lépreux… »
Guy adolescent : « Mère, je vous en prie ! »
Swain : «… Et pour cela vous devez être banni de la société des hommes. »
Guy adolescent : « Non, ne les laissez pas faire ça ! »
Roger : « Guy ! Tu dois te comporter comme un homme, mon fils ! Ne me déshonore pas ! »
Guy baisse la tête.
Swain : « À compter de ce jour, vous êtes considéré comme impure. Entendez-vous ? »
Roger, acquiesçant : « Oui. »
Swain : « En tant que son épouse, vous pouvez le suivre… ou vous pouvez vous déclarer veuve ce qui lèvera votre empêchement à vous marier. »
Ghislaine à Swain : « Un empêchement ? Il est mon époux ! »
Roger : « Ghislaine, vous devez être un exemple pour les enfants. »
Ghislaine soupire, tiraillée entre le désir de suivre son époux et celui de protéger ses enfants. Roger la regarde attendant sa réponse.
Swain : « Voulez-vous le déclarer ? »
D’un signe de tête, Roger l’encourage à accepter.
Ghislaine, contrainte : « Oui. À compter de cet instant, je suis veuve. »
Ses mots crèvent le cœur de Roger mais il garde le silence et reste digne.
Swain : « Très bien. »
Robin, derrière Isabella, regarde son père, debout derrière lui, les bras croisés et le regard grave.
Swain : « Roger de Gisborne, il vous est désormais interdit de pénétrer dans une église, sur un marché, dans une taverne ou en tout autre lieu où des gens seront assemblés… Il vous est interdit de boire ou de manger dans toute vaisselle autre que la vôtre… [Ghislaine est en larmes] et il vous est interdit de toucher un enfant… [Roger lève les yeux au ciel] Maintenant, vous devez partir. »
Roger se retourne et tente de sortir du trou mais il n’y arrive pas. Guy baisse la tête. Malcolm s’approche et lui offre son aide. Roger attrape son bras et réussit à sortir du trou.
Roger : « Merci… Prenez soin d’elle… [Malcolm regarde devant lui, incapable de le regarder dans les yeux] et veillez sur eux. »
Roger quitte le village. Guy veut lui courir après.
Guy adolescent : « Père !... [Malcolm l’attrape au passage] Ne me touchez pas ! »
Guy le repousse mais Malcolm l’empêche de continuer. Résigné, Guy observe Roger marchant sur la colline, s’éloignant du village. Ghislaine regarde son époux en versant une larme.
Guy adolescent à Malcolm : « C’est vous qui avez fait ça. Je vous pardonnerai jamais. »
Guy reporte son attention sur son père.
EXTERIEUR DU MANOIR DE LOCKSLEY
Ghislaine marche avec Isabella sous le porche conduisant à l’entrée du manoir. Guy, Malcolm et Robin la suivent. Robin s’arrête avant le porche.
Robin enfant : « Je veux pas rentrer là-dedans. C’est une maison de lépreux. »
Guy adolescent, se retournant vers Robin : « Tu vas la fermer, ouais ! »
Robin enfant : « Quoi ? C’est vrai ! Ton père est… »
Robin n’a pas le temps de finir sa phrase que Guy lui fonce dessus.
Guy adolescent : « Tais-toi ! »
Ghislaine et Malcolm retournent vers les garçons pendant qu’Isabella rentre à la maison.
Ghislaine : « Guy ! Non !... Viens ! »
Malcolm sépare les deux garçons. Ghislaine tire son fils et le pousse contre le mur.
Ghislaine : « Heureusement que ton père n’est pas là pour voir ça. »
Robin est près de son père. Honteux, il baisse la tête.
Ghislaine : « Il aurait honte de ton comportement. »
Guy repousse sa mère puis passe entre Malcolm et Robin. Au passage, il bouscule Robin.
Robin enfant, protestant : « Hé ! »
Malcolm : « Robin, ça suffit ! »
Robin enfant : « Mais il m’a poussé… »
Malcolm : « Imagine si c’est toi qui avais perdu ce qu’il vient de perdre ! »
Robin baisse la tête.
Malcolm : « Allez, retrouve-le. Présente-lui des excuses, vas-y ! »
Robin s’en va en courant. Il croise Longthorn venant vers eux.
Longthorn : « Lady Gisborne… Lord Malcolm… Quel hasard de vous trouver ensemble tous les deux. Vous avez annoncé la nouvelle aux enfants ? »
Ghislaine perd son sourire de façade.
Malcolm : « Pardon ? »
Longthorn : « Vous croyez qu’ils préfèrent un petit frère ou une petite sœur ? »
Ghislaine, surprise, regarde Longthorn sans répliquer. Malcolm se rue vers lui et le pousse violemment contre le mur.
Malcolm : « Vous nous avez espionné ? »
Longthorn : « Je cherchais simplement l’occasion d’obtenir ce que je mérite : des terres enfin à mon nom. »
Longthorn repousse Malcolm et fait face à Ghislaine.
Longthorn : « Vous allez me donner les vôtres, à moins que vous ne vouliez que tout le monde connaisse [Regardant le ventre de Ghislaine] votre petit secret. »
Ghislaine, sous le choc, regarde Malcolm.
Malcolm, calme, regardant Ghislaine : « Très bien. [A Longthorn] Allez à Nottingham, faites rédiger les actes. »
Longthorn, s’inclinant légèrement : « Merci, Monseigneur. »
Il regarde ensuite Ghislaine puis s’en va.
Ghislaine, estomaquée : « Malcolm, c’est Guy qui doit hériter des terres. »
Malcolm : « Et il va en hériter. »
Ghislaine : « Mais… »
Malcolm, la coupant : « Dès samedi, nous allons nous marier. Dès lors, vos terres seront à moi et les actes de Longthorn seront caducs. »
Ghislaine : « Samedi ? Les enfants viennent à peine de perdre leur père. »
Malcolm : « Mais nous devons nous marier très vite. »
Ghislaine acquiesce légèrement puis Malcolm l’étreint.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – LA NUIT
Guy fait les cents pas alors que Robin est assis au pied d’un arbre. De l’autre côté du feu, l’étranger est assis sur une souche d’arbre.
Robin : « Ils se sont jamais mariés. »
L’étranger : « Non. Ils l’avaient projeté, c’est tout… N’est-ce pas, Guy ? »
Gisborne s’arrête. Robin lève aussitôt les yeux vers lui. Gisborne baisse les yeux.
Robin : « Tu savais ? »
Gisborne, le regardant : « Oui, je l’ai découvert. »
DANS LE PASSE – FORÊT DE SHERWOOD – QUELQUES SEMAINES PLUS TARD
Guy arpente la forêt.
La voix de Gisborne : « J’ai vu ma mère aller dans la forêt… alors je l’ai suivi. »
Guy observe sa mère qui se rend dans un camp de lépreux avec un panier. Elle retrouve Roger qui l’invite à s’assoir près de lui.
La voix de Gisborne : « Elle l’aimait toujours... J’étais fou de rage. Elle m’avait dit que je devais l’oublier… »
Ghislaine donne une pomme à Roger puis pose son panier par terre afin de s’occuper de la main bandée de son mari. Roger mord dans le fruit pendant que Ghislaine défait son bandage.
La voix de Gisborne : «… Faire comme s’il n’existait pas. Et voilà qu’elle, elle était là, alors qu’elle me privait de mon père. »
Guy s’en va en courant.
FORÊT DE SHERWOOD - UN PLUS TARD
Ghislaine retourne chez elle avec son panier vide. Perdue dans ses pensées, elle marche lentement du fait de sa grossesse. Elle ne voit pas Guy devant elle sur le chemin.
Guy adolescent : « Comment est-ce que vous pouvez ? »
Ghislaine, surprise : « Guy ! Tu m’as fait peur. »
Guy adolescent : « Je vous ai vu avec père. Vous disiez qu’il était… »
Ghislaine, l’interrompant : « Je ne pouvais pas l’abandonner comme ça. Il a besoin de soins. »
Guy adolescent : « Vous m’avez dit qu’il était parti. »
Ghislaine : « Je l’ai dit, oui. »
Guy adolescent : « C’est Malcolm qui vous y a poussé ? [Attristée, Ghislaine soupire et secoue la tête] J’ai vu comment il vous regardait. Il veut vous avoir pour lui. »
Ghislaine : « Malcolm est quelqu’un de bien, Guy. Il peut veiller sur nous alors que ton père, non… Nous allons nous marier. »
Guy adolescent : « Vous marier ? »
Ghislaine : « Oui. Ce samedi. C’est pour notre bien. Et tout va bien se passer. Mais tu dois me promettre de ne pas en parler avant que ce soit fait. »
Guy adolescent : « Pourquoi ? Pourquoi il faut que ce soit un secret ? »
Ghislaine : « Promets-le moi. Hein ? Il ne faut le dire à personne, surtout pas à Robin. Il doit l’apprendre de la bouche de son père. »
Guy adolescent : « Vous n’avez pas à faire ça, mère. On n’a qu’à quitter Nottingham, retourner en France, prendre père avec nous. Vivre tous les quatre. »
Ghislaine : « Mon fils, Oh !… »
Soudain, elle est prise de douleur.
Ghislaine : « Mon Dieu ! »
Ghislaine tombe à genoux.
Guy adolescent, inquiet : « Quoi ? Qu’est-ce qu’y a ? »
Ghislaine : « Ah ! Va chercher de l’aide ! De l’aide, vite ! [Guy s’en va en courant] Ah ! Dépêche-toi ! Guy ! S’il te plait ! Oh… »
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – À L’AUBE
Guy : « Je n’ai jamais couru aussi vite de ma vie. Je croyais que… »
L’étranger, le coupant : « Le travail avait commencé. »
Gisborne regarde Robin qui le fixe intensément.
Gisborne : « Maintenant, je comprends. »
Robin : « Et qu’est devenu le bébé ? »
L’étranger : « Il était né avant terme… mais il était solide. »
DANS LE PASSE – MANOIR DE LOCKSLEY – CHAMBRE DU MAÎTRE
Ghislaine est assise sur le lit, tenant le nouveau-né au creux de son bras. Malcolm vient s’assoir à côté d’elle.
Ghislaine : « Regardez... Comme il est calme... On dirait qu’il sait que c’est un secret…. Et regardez ce qu’il a. »
Elle découvre la poitrine du bébé, révélant une petite tache rouge de naissance en forme de pointe de flèche sur son pectoral droit.
Ghislaine : « Oh, mon fils. Avec cette marque, tu ne seras jamais perdu pour moi. »
Malcolm : « Ghislaine… »
Elle se tourne vers lui, larme à l’œil.
Ghislaine, avec entrain : « J’ai songé à un prénom : Archer. Vous trouvez que cela lui va bien ? »
Malcolm : « Oui, je trouve… [Ghislaine se penche sur son bébé et commence à pleurer] mais il… il est… »
Ghislaine, le coupant : « Je sais, oui. Il est temps. »
Elle frotte la joue de son bébé avec son doigt tout en essayant de retenir ses larmes. Malcolm se met debout et prend le bébé dans ses bras. Il s’en va sous le regard plein de larmes de Ghislaine.
La voix de l’étranger : « L’enfant devait être conduit en lieu sûr. Le temps que ses parents puissent se marier et retourner le chercher. »
ECURIES
Malcolm tend l’enfant à un homme.
Malcolm : « Sois prudent sur ton cheval. Tu as là une précieuse cargaison. »
L’homme acquiesce alors que, dehors, l’orage gronde.
Malcolm : « Allez, va. »
L’homme s’en va avec le petit Archer dans les bras sous le regard attristé de Malcolm.
La voix de l’étranger : « Ni lui ni Ghislaine ne devaient jamais revoir leur fils. »
FORÊT DE SHERWOOD – LE VENDREDI SUIVANT
Guy marche dans la forêt en direction du camp des lépreux. Il traverse le camp à la recherche de son père. Il finit par le trouver près du feu.
Guy adolescent : « Père ? »
Roger se retourne. Surpris, il s’avance vers son fils.
Roger : « Mon fils ?... »
Il s’arrête puis lui fait signe de le suivre dans un endroit plus discret.
Roger : «… Viens. Viens avec moi. [Guy le suit à l’écart du camp] Tu n’aurais jamais dû venir ici. »
Guy adolescent : « Il fallait que je vous dise quelque chose. Malcolm de Locksley va obliger mère à l’épouser. Le mariage est pour demain. Vous devez empêcher ça. »
Roger : « Non. Je n’en ai plus le droit. Il faut que tu essaies de comprendre. Ta mère a besoin d’un mari auprès d’elle et il vous faut un père. »
Guy adolescent : « Je croyais que j’en avais un. »
Roger : « Guy… »
Guy adolescent, le coupant : « Je croyais que vous nous aimiez… même quand vous êtes parti à la guerre. Mais c’est faux, vous nous aimez pas. Sinon, vous ne pourriez pas laisser faire ça et vous vous battriez pour nous. »
Roger, faisant un pas vers son fils : « Écoute… »
Guy, reculant : « Laissez-moi !... Lépreux. »
Guy s’en va laissant Roger meurtri.
LOCKSLEY – SAMEDI MATIN
Sur la colline surplombant le village, Robin s’exerce à l’arc. Il tire sur deux petits sacs rouges suspendus à un arbre qu’il atteint sans difficulté. Il sourit puis il remarque alors Roger de Gisborne, caché sous un manteau à capuche, se diriger vers le village. Il s’accroupit alors dans l’herbe afin qu’il ne le voit pas. Roger se dirige vers le manoir de Locksley. Robin court alors jusqu’au village.
Malcolm rejoint Swain, marchant dans le village.
Swain à Malcolm : « Oui, j’ai dressé un autel dans les bois. »
Robin arrive en courant.
Robin enfant : « IL EST REVENU ! LE LEPREUX ! LE PÈRE DE GUY ! »
Malcolm et Swain se retournent. Robin les rejoint.
Robin enfant, pointant le manoir : « Il est entré chez eux ! »
Malcolm se tourne vers le manoir. Swain lève la main pour le dissuader d’intervenir mais Malcolm court jusqu’au manoir. Robin le suit en courant mais Longthorn l’attrape par la veste.
Longthorn : « Qu’est-ce qui se passe ? »
Robin enfant : « Le lépreux est revenu. »
Robin se remet à courir.
Longthorn aux villageois : « Vous avez entendu ?... [Il se place au centre de la place] Le lépreux est revenu. Il met nos vies à tous en danger… On y va. »
Il prend la tête des villageois.
Longthorn, faisant signe aux villageois : « Suivez-moi ! »
MANOIR DE LOCKSLEY – PIECE PRINCIPALE
Malcolm entre brusquement dans le manoir.
Malcolm : « Où est-il ? »
Guy et Isabella sont assis sur des fauteuils devant la cheminée. Guy se lève. Malcolm cherche Roger du regard. Guy s’empare d’une bûche de la cheminée et se place devant Malcolm.
Malcolm : « Laisse-moi passer, Guy. »
Guy adolescent : « Non. Pas après ce que vous avez fait à mon père. »
Guy balance la bûche en flamme vers l’avant, forçant Malcolm à reculer. Il balaie ensuite devant lui mais Malcolm se baisse et attrape Guy par derrière et le jette plus loin. Guy s’effondre sur la table, renversant deux coupes de vin. La bûche lui échappe des mains et met le feu à l’alcool. La table et le rideau à proximité prennent feu. Impuissant, Guy regarde les flammes se propager. Malcolm recule.
Malcolm : « Sauve-toi. Sors de là. Emmène ta sœur. »
Guy attrape la main d’Isabella et l’emmène avec lui à l’extérieur. Malcolm grimpe les escaliers menant à l’étage où se trouve la chambre du maître. Il ouvre la porte et découvre Roger et Ghislaine se tenant les mains. Malcolm entre à l’intérieur.
Malcolm : « Ghislaine, il y a le feu. Sauvez-vous tout de suite. »
Alarmé, Roger se met entre Ghislaine et Malcolm. Ce dernier dégaine son épée.
Malcolm, pointant son épée vers Roger : « Vous, on vous avait dit de ne pas revenir. »
Malcolm baisse son épée alors que de la fumée s’échappe entre les planches du plancher.
Roger : « Vous espériez que je me tiendrais à l’écart pendant que vous volez ma femme ? »
Malcolm : « Votre femme ? Cette femme que vous avez laissée seule durant des années ? »
Roger dégaine son épée.
Ghislaine : « Je vous en supplie, pas ça. »
Malcolm à Ghislaine : « Partez ! Partez ! Allez-vous-en vite ! »
Ghislaine : « Non pas sans vous. Pas sans vous deux. »
Elle tente de s’interposer entre les deux hommes mais Roger la pousse hors de son chemin. Roger et Malcolm commencent à se tourner autour.
Roger : « J’ai eu tort d’abandonner sans même me battre. Je saisis mieux maintenant comment vous avez tout manigancé dès que vous m’avez vu revenir. »
Malcolm : « Vous avez ramené la maladie dans votre foyer. Si vous les aimiez, vous seriez resté au loin. »
Ghislaine est morte d’inquiétude.
Roger : « Vous n’avez aucune idée de notre amour. C’est elle seule qui est venue me retrouver… parmi les lépreux. »
Ghislaine semble désolée pour Malcolm qui la regarde sans comprendre.
Roger : « Mais peut-être, votre emprise sur elle n’était-elle pas aussi forte que vous l’imaginiez ? »
Malcolm attaque Roger qui pare le coup. Les deux hommes commencent à se battre.
Ghislaine : « NON ! NON, MALCOLM ! C’EST MON MARI ! LE PÈRE DE MES ENFANTS ! »
Ghislaine tend la main vers Malcolm. Ce dernier s’arrête et la regarde.
Ghislaine : « Non. »
Malcolm, pointant son doigt vers lui-même : « TOUT COMME MOI !... »
Roger est perplexe.
Malcolm : «… Avec notre fils ! »
Ghislaine tourne un regard désolé vers Roger.
Roger : « Il y a un enfant ? »
Il attaque Malcolm. Le combat entre les deux hommes reprend.
Ghislaine : « Non ! »
Roger jette Malcolm à terre.
A L’EXTERIEUR DU MANOIR
Guy est avec sa sœur, face à Longthorn et les villageois. Longthorn tient plusieurs torches dans les mains.
Longthorn : « Regardez ! Sir Malcolm met le feu à la maison. »
Guy adolescent : « Non, c’était un accident ! »
Longthorn distribue les torches aux villageois.
Longthorn : « C’est la seule façon de se débarrasser de ce fléau ! Allez-y !... Allez ! »
Les villageois courent vers le manoir.
Guy adolescent : « Non. Vous vous trompez ! Ne faites pas ça ! »
Swain : « Non, arrêtez !... Arrêtez ! »
Il attrape un villageois au passage. Mais un autre homme met le feu au manoir.
Robin enfant : « Mon père est à l’intérieur ! »
Robin court vers le manoir mais Swain l’attrape par les épaules.
Swain, le retenant : « Robin, reste ici ! »
Robin enfant : « Lâchez-moi. »
Les hommes continuent de mettre le feu au manoir sous le regard impuissant de Guy.
La voix de Guy adulte : « J’aurais dû la sortir de là. »
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – AU LEVER DU SOLEIL
Gisborne est assis et semble abattu.
Gisborne : « J’aurais dû braver les flammes. »
L’étrange : « Il était trop tard. »
Gisborne : « On ne peut pas savoir. »
L’étranger : « Elle était déjà morte. »
DANS LE PASSE – MANOIR DE LOCKSLEY – CHAMBRE DU MAÎTRE
Malcolm et Roger continuent de se battre malgré la fumée de plus en plus épaisse.
Ghislaine : « Non ! »
Malcolm accule Roger au pied du mur. Malcolm le frappe à plusieurs. Roger se plie en deux puis Malcolm l’attrape par le col et le balance plus loin. Roger atterrit sur les marches menant au lit. Il tente de se hisser sur l’estrade où repose le lit. Dans la bagarre, il perd son épée. Malcolm s’avance vers lui, l’épée à la main. Roger rampe sur le sol entre le mur et le lit. Malcolm monte les quelques marches de l’estrade en levant son bras d’épée.
Ghislaine, derrière lui : « Oh, je vous en supplie… Cela ne résoudra rien. »
Sans défense, Roger lève les mains. Malcolm lui met son épée sur la gorge. Ghislaine attrape le bras d’épée de Malcolm.
Ghislaine : « Ça suffit, non ! »
Sans réfléchir, Malcolm repousse son coude en arrière pour se défaire de son emprise. Ghislaine est brutalement propulsée en arrière. Sa tête heurte violement le sol. Elle ne bouge plus. Malcolm se retourne précipitamment et la regarde avec angoisse. Il jette son épée sur le sol et descend les marches. Roger se relève. Malcolm s’agenouille à côté de Ghislaine. Il lui prend le pouls. Roger arrive à se mettre debout en se tenant à son épée et regarde avec horreur le corps de sa femme. Il s’approche de Ghislaine. Malcolm sanglote. Il lève les yeux sur Roger.
Malcolm : « Elle est morte. »
Furieux, Roger pointe son épée sur la gorge de Malcolm. Effondré, ce dernier ferme les yeux attendant la mort. Roger le dévisage et constate qu’il est aussi effondré que lui : Il l’aimait donc lui aussi.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD – LE MATIN
Furieux, Gisborne se relève et se jette sur Robin. Il tente de l’étrangler.
Robin : « Lâche-moi !... Allez ! »
L’étranger se lève.
L’étranger : « Et ça vous avancera à quoi ? Ce n’est pas lui qui a tué Ghislaine. »
Gisborne se tourne vers l’étranger.
Gisborne, furieux : « Non mais c’est son père ! Et puisque son père est mort… »
Gisborne lève son poing pour le frapper.
Robin : « Lâche-moi ! »
L’étranger : « Non, son père n’est pas mort. »
Gisborne arrête son geste et regarde l’étranger.
Gisborne : « Alors expliquez-vous. »
DANS LE PASSE – MANOIR DE LOCKSLEY – CHAMBRE DU MAÎTRE
Roger tient son épée sous la gorge de Malcolm. Il abaisse son épée et la jette sur le sol.
Roger : « Allez-vous-en… [Il tousse] Mes enfants s’en sortiront mieux sans moi… [Malcolm se relève] Tout ce que je demande… [Il s’agenouille près de sa femme en lieu et place de Malcolm] c’est de passer mes derniers instants auprès de ma femme… seul… [Il lève les yeux sur Malcolm] Laissez-nous. »
Roger soulève sa femme et la presse contre lui en pleurant. Il la berce puis lui baise le front. Malcolm se retourne et ouvre la porte. Un appel d’air se produit et un mur de flammes surgit : Il est propulsé en arrière en hurlant.
EXTERIEUR DU MANOIR DE LOCKSLEY
Le manoir est entièrement en flamme.
Swain, enfermant Robin dans ses bras : « Robin ! »
Robin enfant : « Lâchez-moi ! Mon père est à l’intérieur ! [Il se tourne vers Guy] Le tien aussi et puis ta mère ! Fais quelque chose ! »
Guy regarde avec horreur le brasier.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD
Profitant de l’inattention de Gisborne, Robin se dégage rapidement de son emprise.
Robin : « Lâche-moi ! »
Il se relève rapidement. Furieux, Robin se rue vers l’étranger, l’attrape violement et la pousse contre l’arbre le plus proche.
Robin : « Mon père ne m’aurait jamais abandonné ! »
Gisborne se relève. L’étranger pose sa main sur la poitrine de Robin. Surpris par son geste, Robin le lâche. L’étrange soulève sa capuche, révélant un visage à moitié brulé. Robin est sous le choc.
Robin, murmurant : « Non ! »
N’arrivant pas à le croire, Robin secoue la tête en luttant pour retenir ses larmes : Il se retrouve face à son père.
Malcolm : « Je suis navré, Robin. »
Robin, secouant la tête : « Non !... [Il s’éloigne puis se retourne vers Malcolm] Je vous ai pleuré ! »
Malcolm garde le silence tout en le fixant du regard. Robin lui tourne le dos.
Malcolm : « Comment pouvais-je être encore ton père… après ce que j’avais fait ? Après tout ce que je t’avais enseigné sur l’honneur. Non, Robin, non… [Robin tourne la tête vers lui] Je n’aurais pas supporté de voir la honte dans tes yeux. »
Retenant ses larmes, Robin secoue la tête.
Gisborne : « Vous l’avez tué. Toutes ces années, j’ai cru que c’était ma faute. Que mes parents étaient morts dans l’incendie que j’avais provoqué alors que c’était vous… [Il marche lentement vers Malcolm alors que la colère monte en lui] Cette culpabilité ne m’a pas quitté un seul jour. »
Gisborne bouscule Robin et attrape Malcolm par le col.
Gisborne : « PAS UN SEUL JOUR ! »
Robin, tirant Gisborne en arrière : « Lâche-le Gisborne ! »
Gisborne : « Tu vois pas qu’il le mérite ? Il nous a trahi tous les deux. »
Robin est face à Gisborne.
Malcolm : « Tu as raison. La mort serait un soulagement… [Robin se tourne vers Malcolm] Et bien souvent, il m’est arrivé d’avoir envie de finir le travail moi-même. »
Robin : « Vous voudriez qu’on vous plaigne peut-être ? »
Malcolm : « Oh bien sûr que non. »
Gisborne : « Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi nous raconter ça après tout ce temps ? »
Robin s’éloigne légèrement.
Malcolm : « À cause de votre frère… [Robin s’arrête et tourne la tête vers Malcolm] J’ai besoin que vous vous pardonniez l’un l’autre. »
Robin, s’esclaffant : « Oh ! »
Il s’éloigne.
Malcolm : « Afin que vous puissiez vous unir pour le sauver. »
Gisborne, exaspéré : « Encore cette histoire ! »
Il s’éloigne légèrement.
Malcolm : « Tout ce que je vous ai raconté est vrai. Si j’ai tenu à vous le dire, c’est pour que vous vous ne vous déchiriez pas… comme vos père l’ont fait… [Regardant Robin] fils… »
Robin, secouant la tête et lui tournant le dos : « Non… Non, vous avez perdu le droit de m’appeler fils le jour où vous m’avez laissé seul au monde. »
Il regarde Malcolm avec haine. Malcolm soupire. Robin le fixe du regard puis fait quelques pas.
Malcolm : « Peut-être… [Robin s’arrête] mais n’est-ce pas ce qui a fait de toi l’homme que tu es ? »
Robin lève les yeux au ciel en réfléchissant à ces paroles.
DANS LE PASSE – EXTERIEUR DU MANOIR DE LOCKSLEY
L’incendie est éteint même si la demeure fume encore un peu. Le manoir est en ruine. Guy, Isabella, Swain et Robin se tiennent debout devant le bâtiment. Longthorn arrive du manoir accompagné d’un homme. Ils passent sous le porche d’entrée et s’arrêtent face aux enfants.
Longthorn : « Les enfants ! Nous avons fouillé ce qui reste du manoir de Gisborne. Vos parents… Il n’en reste rien. »
Guy adolescent : « C’est vous qui les avez tué ! [Robin regarde Guy] Vous les avez assassiné tous ensemble. »
Longthorn : « C’est vous qui avez déclenché l’incendie, mon garçon. »
Honteux, Guy baisse la tête. Il prend la main d’Isabella et s’en va.
Longthorn : « C’est ça. Retournez d’où vous venez. Les nouvelles de la disgrâce de votre père n’ont pas dû atteindre les côtés de France encore. [Il sourit en les regardant s’éloigner] Et qu’on ne vous revoit plus sur mes terres ! »
Swain : « Vos terres ? [Il ricane] Longthorn, vous n’êtes pas noble. Vous n’avez aucun droit sur ces terres. Le village va revenir dans le domaine de Locksley. Ces terres sont à Robin désormais. »
Robin enfant : « A moi ? »
Longthorn : « Au p’tit ? Fichez-le camp ! Vous n’avez plus rien à faire ici, vous non plus. »
Swain, en aparté à Robin : « Robin, il vous vole votre bien. Il vole votre pauvre père. »
Longthorn : « Je lui fait plutôt une grâce !... Vous pensez que vous allez savoir diriger ce domaine, petit ? Nourrir ces gens quand ils auront faim ? Les vêtir quand ils auront froid ? Hein ! Vous n’êtes qu’un enfant. »
Robin se retourne et s’en va en courant.
Swain : « Robin ! »
Longthorn : « C’est bien ce que je pensais. Cette tâche m’incombe. Bien, dans ce cas, autant s’y mettre tout de suite. [Se dirigeant vers le centre du village] Collecte des impôts ! »
Robin court jusqu’à la tombe de sa mère. Essoufflé, il s’agenouille à côté.
Robin enfant : « Je sais pas ce que je dois faire. »
Il baisse la tête et joint ses mains pour prier. Il relève la tête en fermant les yeux.
La voix de son père : « Tu ne peux pas laisser une injustice se produire simplement parce que tu crains de faire ce qu’il faudrait. »
Soudain, le soleil illumine le visage de Robin ainsi que la croix. Il ouvre subitement les yeux. Il tourne la tête sur le côté et aperçoit l’arc incurvé de son père accroché à l’une des branches de la croix alors qu’il n’y était pas quand il est arrivé. Il se relève alors que le soleil se cache. Il prend l’arc dans ses mains.
Robin enfant, regardant le ciel : « Merci… Merci. »
Il retourne au village en courant.
Au village, Longthorn et ses acolytes terrorisent les habitants.
Longthorn, balançant son bras : « Toi ! »
Villageoise : « Vous ne pouvez pas tout prendre ! Non ! »
Longthorn : « Allez ! »
Villageoise : « Lâchez-moi ! »
Robin arrive en courant vers le centre du village avec son arc et un carquois rempli de flèches. Un des hommes de Longthorn dégaine son épée. Impuissant, Swain regarde la scène d’un air désolé.
Villageoise, plaintive : « Il n’a pas fini de la tresser ! »
Robin enfant, sur le monticule au centre du village : « Laissez-les tranquilles ! »
Longthorn se tourne vers lui.
Longthorn : « Ne l’écoutez pas ! »
Robin bande son arc et tire par deux fois sur les hommes de Longthorn. Ces derniers prennent peur et s’enfuient.
Robin enfant, sûr de lui : « La prochaine fois, je vous raterai pas ! »
Longthorn : « Espèce de petit, imbécile ! »
Il s’avance vers Robin. D’un geste rapide, Robin attrape une flèche dans son carquois, bande son arc et vise Longthorn. Ce dernier s’arrête brusquement.
Robin enfant : « Mon père ne m’a jamais frappé et c’est pas vous qui allez commencer… [Il regarde brièvement derrière lui] Ces gens dépendent de moi et je veillerai sur eux [Longthorn est abasourd] comme mon père s’apprêtait à le faire. Et aujourd’hui, c’est moi le Seigneur du manoir. »
Swain le regarde avec fierté.
Longthorn : « Nous verrons combien de temps ça durera. Attendez de vous retrouver face à une mauvaise récolte ou un hiver bien rude. Vous allez supplier qu’on vous donne de l’aide. »
Swain, pointant Robin du doigt : « Oh oui et il l’aura cette aide. »
Les villageois acquiescent à voix basse.
Longthorn, avec mépris : « De qui ? D’un petit prêtre minaudant et d’une poignée de… [Il scrute la foule] villageois ? »
Malgré sa remarque, Robin le tient toujours en joue. Swain regarde Longthorn avec détermination tout comme les autres villageois. Longthorn se rend compte alors qu’il ne peut pas l’emporter et préfère battre en retraite. Il s’en va alors que les villageois expriment leur joie.
Un villageois : « Et qu’on vous revoit pas par ici ! »
Alors que Longthorn allait passer devant un poteau, Robin tire. La flèche se plante dans le poteau sous le nez de Longthorn. Surpris, ce dernier recule. Les villageois rient alors que Longthorn est obligé de se courber pour passer sous la flèche. Les villageois sont en liesse alors qu’un sourire radieux s’étire sur les lèvres de Robin et de Swain. Les villageois entourent Robin. Ce dernier lève le poing en signe de victoire.
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD
Malcolm : « Vos vies à tous les deux auraient pu être bien différentes… sans toutes les… les erreurs commises par vos parents. »
Robin : « Ça ne change rien au fait que je ne pourrais jamais pardonner à Guy. »
Malcolm : « Pourquoi ? »
Robin : « Parce qu’il n’a jamais eu le moindre remords pour ce qu’il a fait à Marianne. »
Gisborne : « Tu n’en sais rien. »
Robin : « Tu as œuvré et tué pour le shérif pendant des années ! »
Gisborne : « Et tu vivrais encore sous son règne sans moi. »
Robin : « Comment ça ‟sans toi″ ? »
Sans répliquer, Gisborne se tourne face à Robin, l’air grave. Robin jette un coup d’œil vers Malcolm puis revient sur Gisborne.
Robin : « Tu as tué le shérif ? »
Gisborne : « Et j’ai l’intention de tuer son successeur aussi. »
Malcolm : « Vous devez d’abord rejoindre et sauver votre frère. »
Robin : « Vous savez où il est ? »
Malcolm : « Oui, enfin… Après bien des années de recherche, je pensais si je le retrouvais un jour, lui dire la vérité sur son identité… Je pensais que je me devais de le faire… [Regardant Gisborne] Pour Ghislaine. Ça n’a pas été facile. Il ne reste jamais longtemps au même endroit sauf que là il n’a pas le choix. »
Gisborne : « Où est-il ? »
Malcolm : « En prison à York. La corde l’attend. »
Gisborne et Robin se regardent l’un l’autre.
Malcolm : « Je suis trop mal en point pour l’aider. Je vais mourir, Robin. »
Robin baisse les yeux en secouant la tête. Il craint de le perdre une seconde fois.
Robin : « Père… »
Malcolm : « Vous êtes ma dernière chance… [Il regarde Gisborne] Je sais qu’à vous deux, vous pouvez le faire. Souvenez-vous la marque de naissance, comme une pointe de flèche. C’est pour ça que ta mère l’avait appelé… Archer. Vous f’rez ça pour moi ? »
Triste à l’idée de perdre son père encore une fois, Robin baisse la tête. Il soupire et s’avance vers lui.
Robin : « Je ne le laisserai pas mourir, père. »
Il pose ses mains sur les épaules de son père puis l’étreint. Malcolm est touché par son geste. Luttant pour ne pas verser de larmes, Robin le serre contre lui puis le libère. Il recule d’un pas.
Malcolm : « J’aurais tant aimé vous voir réuni tous les trois enfin. »
Robin : « Je suis sûr qu’il nous reste un peu… de temps encore. »
Malcolm : « Je suis navré. »
Robin soupire.
Robin : « Non ! »
Il gémit avant de s’effondrer sur le sol conscient qu’il venait, encore une fois, d’être drogué par son père. Gisborne voit Robin s’écrouler sur le sol, et Malcolm, pointer sa sarbacane vers lui.
Gisborne, levant les mains : « Écoutez, je n’ai aucune envie de vous revoir. Je… »
Mais Malcolm souffle dans sa sarbacane. Gisborne est atteint dans le cou puis tombe à la renverse. Malcolm soupire en les regardant.
Malcolm : « Sauvez votre frère… [Regardant Robin] et sauvez-vous vous-même. »
***** Épilogue *****
AU TEMPS PRESENT - FORÊT DE SHERWOOD
Groggys, Robin et Gisborne reprennent conscience. Gisborne se remet debout pendant que Robin s’assoit.
Robin : « Gisborne ? »
Gisborne : « Assez... Assez parlé. »
Il s’approche de Robin.
Robin : « Et euh qu’est-ce que t’en penses ? »
Gisborne lui tend la main.
Gisborne : « En route pour York. »
Robin accepte son aide. Gisborne le tire pour le mettre de debout.
Robin : « Oh ! »
Robin acquiesce de la tête. Gisborne se met en marche. Soucieux, Robin ramasse son arc et court rejoindre Gisborne qui l’attend un peu plus loin. Robin soupire. Il ressent encore les effets de la fléchette lancée par son père.
Robin, passant devant Gisborne : « Allez ! »
Il prend ensuite la tête et conduit Gisborne à travers la forêt.
***** Fin de l’épisode *****