CAMP DU ROI, ACRE, TERRE SAINTE, 1191
En pleine nuit, un groupe de Sarrasins armés de cimeterres infiltrent le camp du Roi Richard. Un garde surprend l'un d'eux et engage le combat devant la tente où dorment Robin et Much. Le bruit des épées qui s'entrechoquent réveille Robin qui se lève brusquement.
Robin: Much! Les Sarrasins attaquent! Le Roi est en danger!
Robin saisit son arc et son carquois et s'élance hors de sa tente.
Robin: Much!
Much se réveille à son tour et prend son épée. Dehors le combat se poursuit entre les Sarrasins et les Croisés. Robin se dirige en courant vers la tente du Roi Richard. En chemin, il encoche une flèche et tue un premier ennemi puis, quelques mètres plus loin il en élimine un second. Soudain, un Sarrasin surgit dans son dos et le blesse au flanc d'un coup de cimeterre. Much, qui arrive en courant, voit Robin s'effondrer dans un cri de douleur et court pour le rejoindre.
Much: Maître!... Maître!
Rassemblant toute son énergie, Robin se redresse et tue d'une flèche un autre Sarrasin qui s'approchait de la tente du Roi. Much s'agenouille auprès de Robin qui s'est à nouveau effondré.
Much (inquiet): Maître, ah vous êtes blessé!
Robin: Va chercher de l'aide! La tente de Roi! Vite, allez!
Alors que Much s'éloigne en courant pour chercher des renforts, Robin rassemble une nouvelle fois ses forces, il prend appui sur son épée pour se relever et se dirige péniblement vers la tente de Roi. Quand il pénètre à l'intérieur, il surprend un Sarrasin sur le point de transpercer le Roi dans son sommeil. Il s'élance aussitôt.
Robin (en hurlant): Votre Majesté!
Un duel à l'épée s'engage entre le Sarrasin et Robin qui combat avec rage malgré sa douloureuse blessure. Robin parvient à prendre le dessus sur son adversaire et le blesse: il inflige à son ennemi une profonde coupure qui marque en diagonale le tatouage en forme de fantôme noir qu'il porte à l'avant-bras droit. Le Sarrasin s'enfuit.
FORET DE SHERWOOD, Présent:
Au petit matin, assis près du feu, Much observe Robin qui s'éveille d'un sommeil agité.
Much: Acre?
Robin (en soupirant): Oui...
Il se lève et commence à s'étirer.
Much: C'est son anniversaire aujourd'hui... au Roi Richard. Et Gisborne fête cela à Locksley! Vous le croyez vous, ça? Tout ce beau monde en train de trinquer chez vous, sous votre toit, à la gloire d'un homme qui serait mort sans vous. Sans vous, il n'y aurait même pas d'anniversaire à célébrer.
Non mais, vous imaginez! Le Shérif et toute sa clique avec toute leur flagre... leur flagornerie, c'est exaspérant.
Robin dévisage Much avec intérêt.
Robin: À Locksley?
Much: Pire qu'exaspérant!
Much voit le visage de Robin s'illuminer.
Much (intrigué): Qu'est-ce qu'il y a?
Robin (avec un large sourire): Pourquoi est-ce qu'on ne fêterait pas l'anniversaire de notre Roi nous aussi? Hum? Qu'est-ce que tu en dis?
Much: Vous avez vraiment un problème! Je dis ça sérieusement!
Robin éclate de rire.
*** Générique ***
MANOIR DE LOCKSLEY:
Gisborne a invité quelques nobles pour célébrer l'anniversaire du Roi Richard. Sir Edward et Marian assistent à cette petite réception mais se tiennent un peu à l'écart.
Sir Edward: Qu'est-ce que tu as?
Marian (tristement): Ce que j'ai? C'est la maison de Robin... Regardez ce beau monde...
Gisborne: Messeigneurs, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre présence. Comme vous le savez, nous sommes là pour fêter l'anniversaire du Roi, nous lui souhaitons d'être victorieux en Terre Sainte... (adressant un large sourire à Marian)... et nous prions pour qu'il revienne vite vers ces rivages. Je vous en prie, levons tous nous coupes. Au Roi Richard!
Tous: Au Roi Richard!
Les invités boivent en l'honneur de l'anniversaire du Roi puis Gisborne reprend son allocution.
Gisborne: J'ai moi-même une raison particulière d'espérer le prompt retour de notre Roi en Angleterre... (puis, en fixant Marian)... car, lorsque ce jour arrivera, cette belle dame, Marian, a promis de devenir ma femme.
Marian reste impassible alors que les invités applaudissent.
À l'extérieur du manoir, Allan et Will se laissent tomber du toit et assomment deux soldats. Puis Will va se poster sous le porche pour monter la garde.
Pendant ce temps, à l'intérieur Gisborne poursuit.
Gisborne: Avant de boire à ma future épouse, il y a une chose que j'aimerais lui offrir....(il s'approche de Marian et lui présente une bague en argent finement ciselée et sertie de petites pierres précieuses violettes)... Permettez...
Marian (en chuchotant): Vous ne me laissez guère le choix.
Gisborne (surpris et contrarié): Je croyais que vous aviez déjà fait votre choix.
Marian (avec un sourire contrit): En effet... Ça représente tellement pour vous on dirait...
Gisborne: Ça représente tout pour moi! Ne me suis-je pas exprimé assez clairement? Vous êtes tout pour moi.
Il saisit la main gauche de Marian et lui passe la bague au doigt.
Gisborne (doucement): Pour ma future épouse... (puis, il se retourne vers ses invités)... Mesdames et Messires, je vous demande de bien vouloir lever vos coupes à la future Lady Gisborne!
Tous s'exécutent en félicitant leur hôte. Gisborne s'empare de la coupe de Sir Edward et la lève à son tour. De sa main libre, il saisit le poignet de Marian pour bien montrer à ses invités la bague qu'il vient de lui offrir. La jeune femme et son père restent de marbre. Soudain, une flèche arrache la coupe des mains de Gisborne. Robin apparaît à l'étage de la demeure tandis que Petit Jean ouvre brusquement la porte du manoir.
Robin: Oh quel dommage! On a manqué le discours?
Allan surgit derrière Gisborne en le menaçant de son épée, Much apparaît à son tour à l'étage et pointe son arc en direction des invités. Derrière Gisborne, Marian sourit en direction de Robin, elle est visiblement ravie de cette soudaine intrusion.
Gisborne: Tiens, je ne me souviens pas vous avoir invité.
Robin: Depuis quand un homme a-t-il besoin d'une invitation pour entrer chez lui?
Gisborne: Je ne sais pas... depuis qu'il a perdu ses droits sur cette maison en devenant hors-la-loi?
Robin (avec bonne humeur): J'aurais décliné de toute façon. Mes hommes et moi sommes là pour affaires. S'il vous plaît, vous tous! Si vous pouviez nous aider en enlevant tous vos bijoux et objets de valeur et en les remettant à ce monsieur ici-présent. Much!
Much qui était en train de manger au buffet préparé pour la réception, acquiesce la bouche pleine tandis que Robin poursuit tout en descendant l'escalier.
Robin: Après quoi, vous vous dirigerez vers cette pièce où vous attendrez tranquillement que nous soyons partis.
Gisborne (à ses invités): Allons, faites ce qu'il dit.
Robin: Oui, sage décision Gisborne.
Les deux hommes se dévisagent froidement tandis que Petit Jean pousse les invités vers la pièce destinée à les enfermer.
Petit Jean (en criant): Allons, allons! On se dépêche! On se dépêche, entrez là-dedans!
Robin s'appuie nonchalamment contre une poutre et échange discrètement un regard complice avec Marian qui lui sourit.
Allan (en détroussant les invités): Par ici mes amis, je vous en prie... Merci!... Ne soyez pas timides!
Robin: Il faut voir le bon côté de la chose: vous allez bien dormir cette nuit en sachant que vos dons iront nourrir les pauvres de Nottingham demain à la même heure!
Marian, debout derrière Gisborne, sourit à nouveau à Robin.
Allan (en poursuivant sa tâche): Et voilà, c'est par ici!
À l'extérieur du manoir, Will aperçoit soudain le carrosse du Shérif qui s'approche avec une petite escorte. Il se précipite vers la porte qu'il frappe avec le dos de sa hache.
Petit Jean (à Robin): Le signal...
Robin (fermement): On termine.
Il pose son arc contre la poutre et se dirige vers le petit groupe formé par Gisborne, Marian et son père.
Much (inquiet): Maître?
Robin se place face à Gisborne qui pose la main sur le pommeau de son épée mais Djaq, toute proche, arrête son geste en dégainant rapidement sa propre épée.
Robin: Fort bien.
Sir Edward (réprobateur): Robin, c'est indigne!
Robin: Oui, c'est indigne. C'est ma maison ici. Donc Marian...
Gisborne (l'interrompant): Non! N'approchez pas Locksley. Marian n'a pas d'argent sur elle.
Petit Jean s'approche à son tour de Gisborne et place son bâton tout contre sa gorge.
Robin: Comment le savez-vous?
Marian (à Robin): Il a raison. Je n'ai pas un sou sur moi.
Robin: Mes compliments. Tu es fort avisée d'avoir pris tes précautions avec tant d'individus douteux dans les parages.
Much et Allan écoutent perplexes ce dialogue. Robin saisit la main gauche de Marian.
Robin (faussement admiratif): Oh, mais cette bague!
Petit Jean (en élevant le ton): Robin! Le signal!
En effet, à l'extérieur, le Shérif et son escorte sont presque arrivés.
Gisborne: Vous avez pris tout le reste, vous pouvez laisser cela.
Marian (pressante): Robin...
Robin (innocemment): Quoi?
Il se penche, dépose avec galanterie un baiser sur le dos de la main de Marian puis il lui enlève la bague. Les hors-la-loi commencent à se retirer.
Petit Jean (insistant): Le signal!
Much: Par pitié...
Allan: Allons-y.
Ils sortent par derrière persuadés que Robin et Djaq les suivent.
Robin: Il faudra remettre ça, c'est très divertissant!
Gisborne (en dégainant son épée): Avec un peu de chance, il n'y aura pas de prochaine fois!
Il se jette sur Robin mais celui-ci parvient à parer le coup avec sa propre épée puis il saisit le bras de Gisborne et le lui tord derrière le dos. Il le pousse ensuite vers l'escalier et parvient à lui immobiliser le bras droit en fichant son poignard dans une poutre à travers la manche de son rival. Robin, triomphant, recule tout en le gardant sous la menace de son épée. Soudain, Gisborne rassemble ses forces et parvient à libérer son bras droit, mais ce faisant, il déchire la manche de sa chemise qui laisse apparaître un tatouage en forme de fantôme noir zébré par une fiche cicatrice rectiligne blanche en diagonale. Dès qu'il le voit, Robin reconnaît le tatouage et sa marque caractéristique et reste médusé.
Gisborne: Surprise!
Robin (perturbé): Alors c'était vous!
Robin se remémore alors le jour de son retour à Locksley et la réflexion que lui avait faite Gisborne: "Ne me dites pas que vous n'aimez pas la guerre, c'est faux, je vous ai vu vous battre" / "Quand?" / "Je ne sais plus...". Robin a désormais la certitude que l'homme qui l'a blessé puis a attaqué le Roi à Acre était en fait Gisborne déguisé en sarrasin. Il est pétrifié par cette soudaine découverte. Gisborne en profite pour arracher le poignard de la poutre et se précipite vers lui mais Djaq s'interpose en poussant brusquement Robin devant elle vers la sortie.
Djaq (en criant): Robin! Qu'est-ce qui t'arrive? Réveille-toi!
En utilisant le manche du poignard, Gisborne assomme Djaq qui s'écroule, inanimée. Le Shérif fait son entrée par la porte principale et avise l'étrange situation.
Le Shérif: Tiens... (désignant Djaq par terre)... Il a été empoisonné?
Sans prendre le temps de lui répondre, Gisborne se rue à l'extérieur, Marian sur ses talons. Il voit les hors-la-loi s'enfuir à au galop puis il croise le regard glacial de Robin, planté devant le manoir, immobile sur sa monture.
Much (à Robin): Maître!
Robin part à son tour au galop tandis que Gisborne se précipite vers son propre cheval.
Marian: Guy! Laissez-le partir!
Gisborne: Certainement pas!
Marian: Qu'est-ce qu'il a emporté? Des bagatelles, deux ou trois bourses, ce n'est rien!
Gisborne (en rage): Il a votre bague!
Il s'élance à la poursuite de Robin tandis que le Shérif s'approche de Marian et lui souffle, ironique:
Le Shérif: Vos fêtes sont bien plus drôles que les miennes!
Marian regarde s'éloigner Gisborne avec anxiété. Elle voit ensuite passer devant elle, Djaq, prisonnière, emmenée par deux soldats.
FORET DE SHERWOOD:
Gisborne galope pour rattraper Robin. Il le retrouve facilement car Robin l'attend debout dans la forêt, en train d'examiner la bague dérobée à Marian. Gisborne met pieds à terre.
Robin (très calme): C'est ça que tu viens chercher?... Tiens!
Il lance la bague en direction de Gisborne. Le bijou tombe sur les feuilles mortes devant lui.
Robin (froidement): Qui encore Gisborne?
Gisborne: Qui encore quoi?
Robin: On ne fait pas le voyage jusqu'en Terre Sainte pour assassiner le Roi d'Angleterre tout seul. Ou en tout cas, pas toi... pas assez intelligent.
Gisborne: Ça te surprend que le Roi ait des ennemis? Il n'a rien dans la tête, il ferait la paix avec les Turcs. Et il n'y aura jamais de paix avec les Turcs.
Robin: Tu as fait ce qu'il fallait pour ça, en te déguisant en sarrasin et en attaquant ton propre Roi.
Gisborne: Je l'ai fait parce que c'était nécessaire.
Robin: Ah oui! Et pour qui? Pour le Shérif? C'est lui qui est derrière tout ça?
Gisborne reste muet.
Robin (en hurlant): Qui d'autre?
Gisborne se contente de ricaner et Robin reprend froidement.
Robin: Je finirai bien finir par le savoir et à ce moment-là, je vous ferai tous pendre comme traîtres.
Gisborne (ironique): Oh! C'est prévu pour quand?
Robin: Quand le Roi reviendra.
Gisborne: Si j'étais toi, je ne compterais pas là-dessus.
Robin (fermement): Le Roi va revenir.
Gisborne: Si jamais le Roi devait revenir, je serais encore gagnant! Je gagnerais Marian!
Robin, furieux, se jette sur Gisborne alors qu'il s'agenouille pour ramasser la bague par terre devant lui. Il lui envoie un violent coup de pied qui le déséquilibre et le fait tomber à la renverse puis il dégaine son épée et la place sur la gorge de son rival.
Gisborne: Qu'est-ce que tu vas me faire maintenant? M'entailler l'autre bras?
Robin (glacial): Non, je vais te tuer Gisborne.
Petit Jean (en criant): Non!
Les hors-la-loi arrivent à l'instant et découvre Robin, bien décidé à tuer Gisborne.
Petit Jean: Tuer ça ne se pratique pas chez nous!
Will: Il a raison, c'est toi qui nous l'as appris.
Much: On doit éviter toute effusion de sang, sauf en cas d'absolue nécessité.
Allan se contente de hausser les épaules sans prendre parti. Robin dévisage Gisborne puis le relâche et plante rageusement son épée dans le sol à côté de lui. Gisborne ricane, Robin lui envoie alors son poing en pleine figure: il s'effondre, inconscient.
Robin (à ses hommes): C'était une absolue nécessité.
Petit Jean approuve d'un signe de tête.
Will: Attends... Où est Djaq?
CHÂTEAU DE NOTTINGHAM:
Nerveux, le geôlier conduit le Shérif vers le cachot de Djaq.
Le geôlier: Il faut que vous voyiez ça! Il fait ça depuis que vous l'avez amené! Ça ne me dit rien que vaille... regardez.
Dans son cachot, Djaq est assise en tailleur par terre, les yeux fixes.
Le Shérif: Quoi donc? Il ne fait rien.
Le geôlier: Oui, et ben justement, ils sont jamais à rien faire, ils tentent toujours quelque chose. C'est pas comme d'habitude. Avec votre permission Monseigneur, j'aimerais le voir pendu plutôt assez vite celui-là!
Le Shérif examine Djaq avec attention et remarque la petite fiole accrochée à son cou.
Le Shérif: Qu'est-ce qu'il a autour de son cou? C'est quoi mon mignon?
Le geôlier: Ça doit être une sorte de magie païenne, j'aime pas ça. Et lui non plus je l'aime pas!
Le Shérif : Je suis vraiment enchanté que tu m'aies fait venir pour ça.
Le geôlier (ravi): Oh merci Monseigneur!
Le Shérif (froidement): Réponse: non. La prochaine fois que tu me fais descendre ici pour rien, je te verrai dans la cellule et plus en dehors. On se comprend?
Le geôlier (à voix basse): Oui Monseigneur...
Le Shérif : Je n'en attendais pas moins de toi.
Djaq attend prudemment que le Shérif et le geôlier se soient éloignés avant de se lever et de dévisser le bouchon de sa précieuse fiole. Elle déverse l'acide à la base de quelques barreaux de sa cellule, laisse agir un court instant puis donne des coups de pieds dans la grille. Les barreaux cèdent et Djaq se faufile à l'extérieur de son cachot: elle avance avec précaution mais se retrouve nez à nez avec le geôlier. Celui-ci lui arrache sa fiole et l'examine.
Le geôlier: Je le savais: de la magie païenne.
FORET DE SHERWOOD:
Gisborne est bâillonné et ligoté à un arbre. Robin se dirige d'un pas décidé vers lui quand Will l'interpelle.
Will: Djaq passe en premier, elle est des nôtres.
Robin (en colère): On a combien de temps avant que les hommes de Gisborne viennent chercher leur maître? J'ai besoin de tirer ça au clair et ce, tout de suite! Cet homme est un traître! Il a tenté de tuer le Roi!
Allan: Oui bien sûr... je ne suis pas drôle mais moi j'ai rien vu!
Will: Moi non plus.
Énervé, Robin se tourne vers Much pour chercher son soutien.
Much: Euh... vous m'aviez envoyé chercher de l'aide, rappelez-vous...
Will (à Robin): T'as failli le tuer! Et ta belle justice, qu'est-ce que t'en fais? Procès, preuves, tout ça...
Robin (hors de lui): Mais je vous dis que c'était lui! Il n'a même pas essayé de le nier! Il a tenté d'assassiner le Roi à Acre. Il m'a poignardé dans le dos et laissé pour mort. Et après, il s'est attaqué au Roi.
Will: Alors fais-le passer en jugement. Là on saura si c'est un traître. Tue-le ici et tu en fais une victime.
Allan: Tu m'avais dit que c'était un sarrasin qui t'avait poignardé.
Robin (furieux): Mais ça c'était avant que je réalise qu'en fait c'était Gisborne!
Allan: Il faudrait que tu te décides!
Robin (hors de lui): Mais je vous ai dit que je me suis battu avec lui! Je l'ai blessé au bras! Son tatouage! Regardez!
Allan: T'avais parlé de tatouage? Moi, ça ne me dit rien un tatouage...
Robin, énervé, marche de long en large, en prenant sa tête dans ses mains.
Allan: Et puis, c'est pas la question-là. La question c'est....
Will (l'interrompant): ...qu'ils ont pris Djaq.
Much: On ne peut pas l'abandonner.
Allan: On doit aller chercher Djaq Robin.
Will: Ils pourraient la torturer...
Robin (toujours en colère): L'un de vous sait-il seulement ce que c'est que la trahison?
Allan: Moi je sais ce que c'est que la torture.
Petit Jean, qui avait écouté en silence jusque-là, s'approche de Robin.
Petit Jean (fermement): Robin! Nous allons à Nottingham, pour Djaq.
Robin (fâché): Et ça, c'est pour l'Angleterre.
Attaché à son arbre, Gisborne ricane et entendant la dispute des hors-la-loi. Robin lui décoche un nouveau coup de poing en pleine figure.
Robin (hors de lui): Et ça aussi c'est pour l'Angleterre!
Robin commence à frapper Gisborne toujours ligoté. Allan et Will se précipitent sur lui et tentent de l'éloigner du prisonnier.
Petit Jean (fâché): Robin!
Il envoie son poing dans la figure de Robin qui s'écroule inanimé aux pieds des autres hors-la-loi, perplexes.
Petit Jean: Pardon.
CHÂTEAU DE NOTTINGHAM:
Devant le cachot de Djaq, le geôlier montre au Shérif la fiole qu'il a découvert.
Le geôlier: Les flammes de l'Enfer dans un flacon Monseigneur.
Le Shérif: Ça fait fondre l'acier trempé?
Le geôlier: C'est l'œuvre du Diable.
Le Shérif (à Djaq): C'est toi qui a fabriqué ça mon petit ami?
Djaq tente de récupérer sa fiole en passant son bras à travers les barreaux mais le Shérif l'attrape par le poignet.
Le Shérif: Allons, tu me le dis?...(Djaq garde le silence)... Tss, tss,tss, fondre l'acier?
Il verse quelques gouttes d'acide sur l'avant-bras de Djaq qui étouffe un cri de douleur.
Le Shérif: Oh, c'est méchant cette affaire, c'est désagréable non?
Le geôlier: Très. Et maintenant, on peut le tuer?
Le Shérif: Le tuer? Ne sois pas ridicule... (montrant la fiole au geôlier)...S'il peut refaire de ceci, je l'embrasserais bien.
FORET DE SHERWOOD:
Robin reprend conscience, il est attaché les bras en l'air à un arbre à quelques pas de Gisborne toujours ligoté. Les hors-la-loi sont partis pour Nottingham excepté Much resté pour surveiller les deux hommes.
Much (gêné): Euh... désolé, c'est difficile...
Robin: Détache-moi.
Much: Et voilà, c'est là qu'on entre dans la phase difficile... Jean a dit... Petit Jean a dit... Oh, je crois qu'il vaudrait mieux qu'on attende qu'il revienne.
Très contrarié Robin soupire tandis que Much est très mal à l'aise.
Much (lui tendant sa gourde): Vous voulez un peu d'eau?
Robin (avec autorité): Much! Détache-moi immédiatement.
Much: Ça, je savais que ça devait arriver.
Robin (désignant Gisborne de la tête): Cet homme-là a trahi l'Angleterre. Si le carnage continue en Terre Sainte, c'est à cause de lui. Les autres ne peuvent pas comprendre.
Much: Alors il faut leur expliquer dans ce cas!
Robin: Exactement! Je dois discuter avec lui. Et attaché à un arbre, comment veux-tu que je le fasse? Détache-moi.
Much (hésitant): Vous me promettez? Parce que tout à l'heure... vous n'étiez plus vous-même... Vous étiez.... Bon, je le fais!...(Much commence à détacher Robin)... Vous avez été contrarié alors maintenant, vous allez vous asseoir, vous reposer un peu.
Much vient à peine de libérer Robin que celui-ci court en direction de Gisborne sans qu'il ait le temps de le retenir.
Much: Robin! … Robin!
Robin est déjà face à Gisborne, il abaisse son bâillon et place ses mains autour de sa gorge.
Robin (énervé): Qui a comploté pour tuer le Roi?
Gisborne: Qu'est-ce que tu fais si je garde le silence?
Robin (en colère): Et bien je vais te tuer! Et que tu parles ou que tu ne parles pas, je te tuerai!
Gisborne: Non, tu as changé Locksley. Tu me l'as dit toi-même: "Citez-moi un seul conflit qui se soit résolu par le sang".
Robin relâche son emprise sur Gisborne et s'éloigne de quelques pas.
Gisborne: Tu es devenu un pacifiste mou et nébuleux qui donne des pièces à des pauvres.
Furieux, Robin sort son poignard de son étui et revient vers Gisborne. Much s'interpose entre les deux hommes et prend Robin par les épaules.
Much (affolé): Qu'est-ce que vous faites! Vous m'aviez promis! Vous m'aviez dit que vous alliez leur expliquer! C'est pas ça "expliquer"!
Robin (hors de lui): Ce sont des hommes simples! Ils ont vécu pendant des années cachés au fond des bois! Qu'est-ce qu'ils peuvent comprendre à la politique?
Much (effaré): Qu'est-ce qui vous arrive! Moi j'ai pas vécu au fond des bois! Et pourtant je ne comprends rien à tout ça!
Robin (en criant): Ça Much, c'est parce que toi aussi tu es un être simple!
Profondément blessé, Much s'éloigne de quelques pas sous les ricanements de Gisborne. Robin se rend compte que, sous l'effet de la colère, ses paroles ont dépassé sa pensée.
Robin: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
Much (attristé): Je ne vous ai jamais vu comme ça... Et si je peux me permettre, heureusement...
Les paroles de Much ont réussi à atteindre Robin qui s'éloigne à nouveau de Gisborne. Mais quand celui-ci se remet à ricaner, Robin se retourne brusquement et lance son poignard qui vient se ficher dans l'arbre tout près du visage de son ennemi. Robin repart plus loin pour tenter de retrouver son calme laissant Gisborne sous la garde de Much, médusé par ce qui vient de se passer.
NOTTINGHAM:
Déguisés en paysans, Petit Jean et Allan se présentent aux portes de la ville conduisant une charrette remplie de légumes. Les gardes leur font signe de s'arrêter.
Allan: Une livraison pour le château.
Le garde: Un sou: droit de péage. Payez!
Allan (tout en payant le garde): C'est du vol autorisé!
Un pauvre hère s'approche.
L'homme: Oh ben ça, je vous connais vous autres!
Petit Jean se hâte d'entrer dans la ville.
Allan: Ah tu vois! Qui a besoin de Robin? C'est simple comme bonjour!
Le Shérif précède Djaq, encadrée par deux gardes, dans le laboratoire du château.
Le Shérif: Ah l'alchimie! Une merveilleuse idée! Pour des résultats frustrants... enfin, en particulier quand on est "mon" alchimiste... (tendant un crâne à Djaq)... Voici le dernier!... (Djaq remarque que le crâne possède une charnière et l'ouvre)... Un encrier, pauvre garçon. ...Il était gentil, mignon, un peu comme toi, des mains délicates mais côté alchimie, c'était lamentable, déprimant. D'ailleurs je dois avouer que je suis sans doute très déprimé mais voilà que tu m'es apparu avec ta merveille sarrasine. Donc, qu'est-ce que c'est?
Pour toute réponse, Djaq lui adresse quelques mots d'arabes.
Le Shérif: Oh! Bien. Quoiqu'il en soit... un liquide qui transperce et qui brûle le métal... Oui, qui y aurait songé? Alors donc, je voudrais que tu m'en prépares en gros.
Djaq: Je ne vois pas comment.
Le Shérif: Ah...
Le Shérif tapote sur le crâne de l'ancien alchimiste d'un air sous-entendu. Djaq comprend immédiatement l'allusion.
Djaq: J'aurai besoin de certains ingrédients et je ne les vois pas ici.
Le Shérif: Nous avons des gardes là de l'autre côté, ils vont t'amener tout ce dont tu as besoin. Tu disposes de … allez, on va dire... bon deux jours... ah, ah, je plaisante! Tu as deux heures!
FORET DE SHERWOOD:
Accroupi devant le feu, Robin fait chauffer la lame de son épée. Pensif en regardant les flammes, il a l'air très sombre. Much retire le poignard de Robin de l'arbre auquel est toujours attaché Gisborne et revient vers son ami.
Much: C'est pas bien. Maître, c'est pas bien!
Robin: Je ne vais pas le tuer... juste le faire parler.
Il va vers Gisborne en approchant la pointe rougie de son épée.
Robin: Le complot contre le Roi... je veux les noms de tes complices.
Gisborne: Quel est ce Roi qui délaisse son peuple pour aller mener on ne sait quelle guerre à l'étranger?
Robin: Mais si c'est toi son peuple, alors je comprends mieux pourquoi il l'a délaissé.
Robin approche la lame brûlante tout près du visage de Gisborne qui se crispe.
Much (totalement dépassé par l'attitude de Robin): Non! Stop! Je refuse de participer à une telle chose! Vous allez le regretter. Vous allez revenir à vous et vous allez le regretter!
Robin: Ça ne te concerne en rien Much.
Much (en criant): Vous êtes mon Maître! Tout ce que vous faîtes me concerne! Je vous ai suivi dans vos batailles, je vous ai suivi au fond de la forêt! Mais là, je refuse de vous suivre dans la torture!
Robin (hargneux): Alors laisse-moi!
Much (anéanti): Si je vous prenais au mot...
Robin (en hurlant): Pars!
Les larmes aux yeux, Much part en courant, monte sur un cheval et s'éloigne rapidement. Robin recule alors de quelques pas et fait face à Gisborne.
Gisborne: Tu commences à être à cours d'amis Locksley. Et tous ces paysans dont tu t'es fait le champion, ils vont être tellement déçus le jour où ils vont découvrir que, sous tes belles paroles, tu es aussi brutal que n'importe qui. Il n'y a pas que les paysans d'ailleurs, quelques nobles que tu as défendus et séduit par tes gestes charitables: Edward... Marian...
L'épée rougie toujours à la main, Robin lance rageusement son bras en avant et, d'un coup, tranche les liens de Gisborne à son grand étonnement. Robin tourne ensuite le dos à son ennemi et s'en éloigne un peu avant de lui faire face à nouveau.
Robin (froidement): Ce n'est pas ce que tu te figures. On va régler ça ici, traître! Tout de suite.
Robin lance alors son épée qui va se planter dans le sol plus loin. Il invite d'un geste Gisborne à se mesurer à lui. Les deux hommes se ruent l'un sur l'autre et commencent à combattre à mains nues. Ils se battent rageusement dans une lutte équilibrée où chacun prend tour à tour le dessus sur l'autre.
CHÂTEAU DE NOTTINGHAM:
Petit Jean, Allan et Will se faufilent dans les couloirs du château.
Will: J'imagine que personne ne s'est demandé comment on allait repartir après.
Petit Jean: On verra. On est venu pour Djaq!
Pendant ce temps, dans le laboratoire, Djaq examine les différents produits laissés par l'ancien alchimiste.
FORET DE SHERWOOD:
Le combat entre Robin et Gisborne n'est pas terminé. Aussi boueux l'un que l'autre, ils recommencent cependant à discuter en se tournant autour comme deux lions enragés.
Gisborne: Regarde la vérité en face! Tu es loyal à un Roi faible!
Robin: Un Roi qui a des principes!
Gisborne: Non, c'est un pion, tu le sais. Cette guerre ne regarde que Rome.
Robin: Alors pourquoi est-ce que tu l'as envenimée dans ce cas? Votre attaque a brisé une trêve qui aurait pu mettre fin à la guerre!
Gisborne: Non, il y aura toujours la guerre. Alors autant avoir un Roi qui se batte pour nos intérêts et pas pour le Pape!
Robin: Tu sais pourquoi je suis parti à la guerre? Pour reprendre Jérusalem! Reprendre notre Terre Sainte!
Gisborne: Quelle noble cause!
Robin: Non. Une fois là-bas j'ai découvert les Musulmans et les Juifs, et j'ai vu que c'était leur Terre Sainte à eux aussi!
Gisborne: Tu es qui là? Le grand prêtre de la forêt?
Enragé, Robin envoie son poing dans la figure de Gisborne et le combat reprend de plus belle.
Robin: Tu avais raison, il y aura toujours la guerre! Tant que les gens comme toi se complairont dans leurs préjugés!
Gisborne ramasse un bâton et l'utilise pour frapper Robin au ventre. Les deux hommes enchaînent les coups de poings puis, soudain, ils roulent ensemble le long d'une pente. Robin reprend alors le dessus sur Gisborne et lui envoie un violent direct en pleine figure.
CHÂTEAU DE NOTTINGHAM:
Le Shérif arrive dans le laboratoire. Djaq l'attend, une coupelle remplie de poudre blanche placée devant elle.
Djaq: J'ai terminé.
Le Shérif: Tiens, déjà? On va l'essayer sur tes amis hors-la-loi. D'après mon chef cuisinier, ils seraient déjà là! Ils sont tellement prévisibles... (il ricane) …Oh, tu espérais être secouru? Ils ne penseront jamais à venir te chercher en ce lieu.
Djaq saisit une petite casserole et déverse son contenu dans la coupelle qu'elle a préparée. Le mélange dégage instantanément une épaisse fumée irritante.
Le Shérif: Qu'est-ce que tu fais?...Qu'est-ce que tu fais?... Gardes!
Toutes les personnes présentes commencent à tousser. Djaq, qui a pris la précaution de retenir sa respiration, en profite pour se glisser discrètement dans le couloir où elle se retrouve face à une poignée de soldats.
Djaq (désignant le laboratoire): Venez vite, il faut arrêter cet homme! Il faut sonner l'alarme!
Comprenant qu'il a été dupé, le Shérif est fou de rage.
Le Shérif: Gardes!
Pendant ce temps, Petit Jean, Allan et Will sont arrivés dans les geôles.
Will: Pas un chat!
Allan: Ça peut pas être vrai!
Will: Pas un seul prisonnier, pas de geôlier, c'est...
Allan: On plaisante ni l'un ni l'autre, tu crois que ça pourrait être...
Allan n'a pas le temps de finir sa phrase, des soldats arrivent dans les geôles. Les hors-la-loi dégainent leurs épées.
Petit Jean: Un piège, oui!
Allan (aux soldats): Écoutez Messieurs, on peut peut-être discuter, hein?
Le combat s'engage entre les soldats et les hors-la-loi. Petit Jean et Allan combattent à l'épée tandis que Will se bat à coup de hache. Djaq arrive et se joint au combat. Les quatre hors-la-loi parviennent à maîtriser leurs ennemis.
Will (à Djaq): Ça va toi?
Djaq: Et toi, ça va?
Allan: Ben, je croyais qu'on était venu pour te sauver!
Djaq: En fait, c'est moi qui vous sauve!
Allan (en riant): Ben non, toi t'es une femme et nous des hommes!
Djaq (en souriant): C'est énervant n'est-ce pas?
Petit Jean leur fait signe qu'il est temps de partir. Ils errent dans les couloirs du château.
Djaq: Par où maintenant? Vous avez un plan?
Allan: Je ne suis jamais venu dans cette partie du château... (à Petit Jean) Et toi?
Petit Jean: Non.
Djaq: Robin, où il est?
Allan: Euh... et ben il est... comment dire...c'est difficile à expliquer!
Djaq: Robin n'est pas venu...
Will: Il était euh... il était euh... énervé!
Djaq: C'est parce que je suis une fille!
Sans lui répondre, Petit Jean désigne une porte.
Petit Jean: Par ici! Vite!
Ils s'engouffrent tous les quatre dans une toute petite pièce qui se trouve être les latrines du château. Allan soulève une trappe par terre, une odeur nauséabonde s'en dégage.
Allan: Hé, vous avez vu ça? Des latrines!
Will: Et alors?
Allan: Et alors, ça mène dehors!
Les trois autres se regardent, peu enthousiastes à l'idée de s'échapper par là.
Allan: Et alors, vous avez une meilleure idée?
Will: Il doit y avoir un autre chemin.
Petit Jean (en poussant Will): Allez hop, on y va! Allez, allez!
Will se laisse glisser et atterrit sur un tas d'immondices à l'extérieur du château. Il est bientôt rejoint par Allan.
Djaq (à Petit Jean): Tu m'attrapes en bas!
Petit Jean: D'accord.
À son tour, il se laisse glisser dans la trappe. Soudain la porte s'ouvre laissant apparaître le Shérif. Djaq se hâte de refermer la trappe.
Le Shérif (ironique): Voyons, si c'était si pressé, il fallait demander!
Deux soldats saisissent Djaq.
Le Shérif: Amenez-le au cachot. S'il ne veut pas la jouer gentille alors on va la jouer méchante!
Le Shérif soulève la trappe et a un haut-le-cœur quand il sent l'odeur qui s'en dégage. À l'extérieur, sur leur tas d'immondices, Petit Jean, Allan et Will échangent un regard dépité en constatant que Djaq n'a pas réussi à les rejoindre.
Will: Il nous faut Robin.
FORET DE SHERWOOD:
Robin et Gisborne poursuivent inlassablement leur combat. Ils sont de plus en plus épuisés. Ils finissent par s'effondrer sur le sol et, essoufflés, ils reprennent leur discussion.
Gisborne: Tu pensais que tu allais revenir de la Terre Sainte couvert de gloire! Et ben tu sais quoi, ça n'intéresse pas les gens ici. Même montrer la Terre Sainte sur une carte ils savent pas! Alors, à quoi ça t'a servi? Robin de Locksley, Comte de Huntington, héros de Saint-Jean d'Acre, et regarde-toi maintenant! Tu n'es plus qu'un vulgaire hors-la-loi! Tu as perdu ta maison et tes terres... (Gisborne se relève)... Et qu'est-ce que tu crois? Que ça ne me fait pas rire à chaque fois que je me couche pour dormir dans ton lit! Et Marian! La femme que tu as délaissée. Elle va m'épouser! Tu crois que je ne vais pas rire à chaque fois que...
Robin ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. Rassemblant toutes ses forces, il se relève et lui envoie son poing en pleine figure. Ils retombent tous les deux lourdement sur le sol.
Gisborne: Tu vois, j'ai été surpris que tu veuilles rester à Nottingham alors que tu avais certainement des amis ailleurs qui t'auraient accueilli. Mais j'aurais dû comprendre... Marian... Je croyais que tu avais renoncé depuis longtemps mais elle te fait toujours autant d'effet, pas vrai? Et bientôt, elle sera à moi!
Robin: Je parlerais pas trop vite si j'étais toi.
Gisborne (rageusement): Elle m'a accordé sa main!
Robin (en riant): Quand le Roi reviendra!
Gisborne: C'est un détail.
Il se relève lentement.
Robin: Elle saura que tu es un traître, je vais le lui dire.
Gisborne: Je nierai.
Robin: Elle n'est pas bête.
Il se relève péniblement à son tour.
Gisborne: C'est vrai, et elle a quelques doutes sur moi. Mais je la trouble en même temps. Elle croira ce que je lui dirai.
Robin envoie une nouvelle fois son poing dans la figure de son rival. Gisborne s'effondre, inconscient tandis que Robin retombe assis sur le sol à bout de forces. Much et Marian arrivent en courant à ce moment-là et, atterrés, ils découvrent la scène.
Gisborne est à nouveau attaché à un arbre, il est bâillonné et un bandeau a précautionneusement été noué autour de ses yeux. Much le surveille. Un peu plus loin, Robin, sale et en sueur, est épuisé. Il est assis à même le sol adossé à un arbre et Marian, debout face à lui, tente de le raisonner.
Marian (d'un ton réprobateur): Qu'est-ce que tu fais? Tu es un tueur maintenant?
Robin: Quand j'y suis obligé...
Marian (fâchée): Grandis un peu!
Robin: Gisborne a fait un choix. Tout est une question de choix dans tout ce qu'on peut faire, c'est toi qui me l'a dit.
Marian: C'est quoi ce choix?
Robin: … En Terre Sainte des Sarrasins ont tenté de tuer le Roi... Mais ce n'était pas des Sarrasins... C'était lui.
Marian: C'est absurde!
Robin (en fixant Marian droit dans les yeux): Il m'a d'abord poignardé et laissé pour mort. Il a tenté de tuer le Roi dans son lit après.
Marian: Je n'en crois pas un mot! Tout ça c'est à cause...
Robin (l'interrompant): De quoi?
Marian: De toi et de moi!... (Robin soupire et Marian reprend, mal à l'aise) Je voudrais que tu saches que je n'avais pas compris qu'il allait annoncer le mariage.
Robin (amer): Tu n'avais pas l'air troublé le moins du monde...(puis, vivement) J'ai une preuve! Je l'avais blessé sur son bras, sur son tatouage!
Marian: Quoi? Quel tatouage? Et puis j'étais troublée!
Robin: Il a un tatouage sur le bras....(puis, ulcéré) Tu as pris sa bague!
Marian (vivement): Non! Tu as pris sa bague! (puis, posément) Et puis comment aurait-il pu être en Terre Sainte alors qu'il était ici chez toi?
Marian se tait soudain et jette un regard en direction de Gisborne ligoté plus loin.
Robin (intrigué): Qu'est-ce qu'il y a?
Marian: Il a été souffrant pendant plusieurs semaines...Personne n'était autorisé à le voir.
Robin soupire en hochant la tête.
Robin: Voilà pourquoi je dois le tuer.
Marian: Non! Même si tu as raison...
Robin (l'interrompant): Mais j'ai raison!
Marian: Un procès est le cours normal de la Justice.
Robin (en se redressant): Quelle Justice? Il n'y en a plus aucune! Tant que Richard n'est pas là, c'est le Shérif la Justice! C'est Gisborne la Justice! Et c'est pour ça que je dois le tuer moi-même.
Marian (fermement): Non, ça je te l'interdis.
Découragé, Robin se laisse retomber en arrière contre son arbre.
Robin: Donc tu ne me crois pas...
Marian (perturbée): Je ne sais pas ce que je dois croire ou non! Guy... Guy ne serait pas du genre à … Non, c'est clair...
Robin (amer): Bien sûr... et puis il va quand même être ton mari!
Marian: Écoute, tu sais très bien que j'ai accepté sous la contrainte! Tu sais que je ne peux agir que de cette façon-là, de l'intérieur, pour mon père si ce n'est pour le reste! ... Je n'ai pas la possibilité de m'enfuir comme ça dans la forêt!
Robin la regarde tristement en hochant négativement la tête.
Marian: Quoi?
Robin (lentement): Tout est toujours... une question de choix ...
Much observe de loin Robin et Marian en plantant et replantant nerveusement son épée dans le sol.
Les hors-la-loi reviennent dans la forêt, déprimés par l'échec de leur tentative pour libérer Djaq. Petit Jean donne rageusement un coup de pied dans un panier lorsqu'il arrive vers Much. Celui-ci sursaute car il n'a pas la conscience tranquille d'avoir désobéi à Petit Jean en détachant Robin.
Much (à Petit Jean): Écoute! Il est mon Maître depuis dix ans! Que voulais-tu que je fasse?... (personne ne lui répond)... Qu'est-ce qu'il y a? (puis, sentant leur odeur nauséabonde) ...Vous sentez mauvais! ... Mais où est Djaq?
Petit Jean: C'était un piège!
Allan: On est sorti par les latrines.
Will: Elle était juste derrière nous.
Allan: Ils l'ont reprise.
Much soupire, démoralisé lui aussi. Petit Jean lui désigne Gisborne toujours inanimé.
Petit Jean: Et lui?
Much: Il est vivant... On va dire que ça a été à un cheveu mais... Depuis la Terre Sainte, je ne l'avais jamais vu... (Petit Jean grogne, contrarié)... J'ai dû user de tous mes pouvoirs pour le calmer!... Et aussi... (désignant Marian)... aussi des siens! ... Mais c'est moi qui suis allé la chercher donc tout ça, c'est un peu mon œuvre.
Petit Jean: On a besoin de lui.
Il se dirige vers Robin et Marian. Les autres hors-la-loi lui emboîtent le pas.
Petit Jean (à Robin): Allez! On va à Nottingham!
Robin: Je croyais que vous y alliez sans moi. J'ai des affaires à finir ici.
Allan: C'est Djaq!
Robin: Le Shérif nous attend de pieds fermes. Il vaut mieux patienter et réfléchir.
Will: Robin, réveille-toi! C'est Djaq!
Robin (élevant la voix): Vous, vous n'avez qu'un seul homme en tête. Et moi, j'ai le Roi et toute l'Angleterre!
Will (fâché): Sauf que Djaq n'est pas un homme, c'est une femme! Tu t'imagines ce qui peut arriver si le Shérif s'en rend compte!
Marian (surprise): Mais Djaq, c'est une femme? Le Sarrasin?
Allan: Oui, c'est une longue histoire.
Petit Jean (désignant Gisborne): Celui-là, il peut attendre. Djaq, non.
Robin (fermement): C'est non.
Much (hésitant): S'ils savent qu'on va venir, on peut tous mourir!
Allan: C'est vrai, mais c'est Djaq!
Will: C'est Djaq!
Much: C'est pas une réponse ça! "C'est vrai, mais c'est Djaq!" Ça veut rien dire!
Allan et Will lui répondent en même temps:
Allan: Oui mais tu vois, moi je l'aime bien!
Will: Je crois que je l'aime!
Tous deux se regardent, étonnés chacun par la réponse de l'autre. Leurs déclarations laissent les autres sans voix.
Much (embarrassé): Bon... Oui ben, même dans ce cas, c'est... c'est pas une raison pour se jeter la tête la première dans une embuscade.
Marian: Robin a raison, on a besoin de réfléchir... (désignant Gisborne)... Regardez, la solution est juste là! Échangez-le contre elle!
Robin (furieux): Non!
Les autres échangent des regards désapprobateurs tandis que Robin se relève péniblement.
Robin: Je ne permettrai pas qu'il s'en sorte comme ça!
Petit Jean (élevant la voix): Robin!
Il s'approche de Robin et d'un seul coup, il lui envoie son poing en pleine figure. Robin retombe, inconscient. Much soupire, désolé qu'il ait fallu en arriver à nouveau à cette extrémité.
Petit Jean (fâché): Pas pardon.
CHÂTEAU DE NOTTINGHAM:
Devant le cachot de Djaq, le Shérif s'entretient avec le geôlier.
Le Shérif: Est-ce qu'il a parlé?
Le geôlier (en jouant avec un instrument de torture): Il allait s'y mettre à l'instant.
Le Shérif: Alors, dépêche-toi.
Le geôlier ouvre la porte de la cellule de Djaq.
Le Shérif: Essaye de faire ça en silence, je ne supporte pas les hurlements.
Marian arrive soudain en courant dans les geôles.
Marian: Monseigneur! Je vous en prie! J'ai besoin de votre aide!
Après avoir jeté un regard à Djaq, le Shérif décide d'écouter ce que Marian veut lui dire. Ils vont s'entretenir dans son bureau. Marian tend au Shérif un des insignes des hors-la-loi.
Marian: Il m'a dit de vous remettre ceci.... Il a dit que vous comprendriez.
Le Shérif: Ceci?... Hum... Ce hors-la-loi vous a détroussée?
Marian: Tout ce qui l'intéressait, c'était de faire cet échange: Guy contre votre prisonnier. Mon futur époux contre un sarrasin!
Le Shérif (dubitatif): Vous savez, il y a une chose qui ne va pas. Comment être sûr que ce n'est pas une ruse?
Marian: Guy est votre lieutenant, votre allié... votre ami.
Le Shérif (faussement étonné): Ami? On parle bien du même Guy? C'est à peine si j'avais remarqué qu'il avait disparu!
Marian (suppliante): Monseigneur, je vous en prie! Ils tiennent Guy... (puis, faussement bouleversée)... S'ils devaient lui faire le moindre mal, je crois que je...
Le Shérif (l'interrompant): D'accord, oui d'accord, mais cessez ces pleurnicheries!
Marian: Les hors-la-loi vont tuer Guy si vous faites du mal au sarrasin avant de le leur remettre. Vous ne lui avez pas fait de mal?
Le Shérif: Hum... non.... (il claque les doigts à l'intention d'un garde)... Bon, préparez le sarrasin pour le voyage.
Le Shérif se retire et Marian pousse un soupir de soulagement.
FORET DE SHERWOOD:
Much est assis à quelques pas de Robin, toujours inanimé sur le sol. Celui-ci se réveille douloureusement et l'interroge immédiatement.
Robin: Où est-ce qu'il est?
Much (en boudant): Ils l'ont emmené.
Robin soupire, visiblement contrarié.
Much: C'était le seul moyen pour Djaq!
Robin: Comment ont-ils pu décider sans moi! Où est-ce qu'ils sont allés?... Où ça?
Much (fâché): Je ne vous dirai rien!...(Robin soupire)... Ah non! Vous ne pourrez pas m'obliger!
Robin: Si tu es mon ami... si vraiment tu es mon ami, il faut que tu fasses cette chose-là pour moi. Je t'en prie.
Much prend rageusement sa tête dans ses mains et rabat son bonnet sur son visage. Robin a atteint un point sensible en faisant appel à leur amitié.
LA MINE:
Dans la mine, Petit Jean pousse devant lui Gisborne, les mains liées et un bandeau sur les yeux. Quant au Shérif, il traîne derrière lui Djaq attachée à une corde.
Petit Jean (à Gisborne): Allez baisse la tête, dépêche-toi.
Le Shérif (à Djaq): Robin des Bois se donne du mal pour toi mon mignon. Pas un sauvetage, mais deux!
Djaq: Il n'est pas venu la première fois.
Le Shérif: Ah, et tu te sens mal-aimé?
Djaq heurte une pierre et perd l'équilibre. Elle heurte alors le Shérif qui, à son contact, se rend brusquement compte qu'elle est une femme.
Le Shérif: Ah tiens! Mon petit mignon n'est pas un petit mignon du tout! Pas étonnant qu'ils veuillent te ramener dans leur forêt! Toutes ces longues nuits si froides... Enfin, bien évidemment, tu ne vas pas y retourner. Vois-tu, Robin croit qu'il n'y a que deux tunnels en tout: un pour entrer, un pour sortir. C'est malin mais pas tout à fait assez!
Dans la galerie, le Shérif et Djaq se retrouvent face à Petit Jean et Gisborne.
Le Shérif: Où est Locksley?
Petit Jean pousse brutalement Gisborne qui tombe à genoux devant le Shérif. Cependant, il garde le silence. Une lampe s'éclaire et Robin apparaît dans la galerie.
Robin (calmement): Ici.
Petit Jean (inquiet à l'idée que Robin perturbe l'échange): Robin? Non!
Robin: Je n'étais pas d'accord avec cet échange...
Le Shérif (sarcastique): Des dissensions dans les rangs?
Robin: … Je n'étais pas d'accord avec cet échange ... mais j'aurais dû.
Petit Jean le dévisage, stupéfait.
Robin (désignant Djaq): Lâchez-le!
Le Shérif: Oh allons, le secret est éventé! … (il pousse brusquement Djaq vers Robin) Ton petit sarrasin chéri est une fille! ... (montrant la fiole de Djaq qu'il tient dans sa main) La grande chance, c'est qu'elle m'a offert ça!
Robin: Votre secret aussi est éventé. Il est impensable que Gisborne ait pu aller en Terre Sainte sans votre accord.
Le Shérif (faussement étonné): En Terre Sainte? Gisborne?
Robin: J'en ai la preuve: sur son avant-bras, son tatouage. Des hommes de la garde du Roi ont entendu parler de ce tatouage et quand ils rentreront de la Terre Sainte, il va payer! Et vous aussi vous paierez!
Le Shérif saisit l'avant-bras de Gisborne, ligoté à genoux devant lui.
Le Shérif: Un tatouage?
Il verse l'acide contenu dans la fiole sur le tatouage. Gisborne pousse un cri de douleur étouffé par son bâillon.
Le Shérif: Quel tatouage?
Fou de rage, Robin veut se précipiter sur le Shérif mais Petit Jean le retient.
Le Shérif (à Gisborne qui continue de gémir): Tais-toi espèce de clown!
Djaq: On y va!
Le Shérif: Vous n'allez nulle part! Gardes!
Cachés dans une galerie désaffectée, des soldats commencent à casser les planches qui la condamnent pour en sortir.
Le Shérif: Oh! Un vieux tunnel! Surprise! Je vous tiens!
A cet instant, une corde descend depuis le haut de la galerie devant les hors-la-loi.
Robin: Un vieux puits! Surprise! On y va!
Petit Jean: Allez!
Robin: C'est parti! On se retrouvera Gisborne!
Petit Jean retient le Shérif et Gisborne en leur assénant des coups de son bâton pendant qu'au dehors le reste de la bande hisse simultanément Robin et Djaq. Puis Petit Jean assomme le premier soldat qui surgit de la galerie désaffectée. Djaq et Robin sont arrivés à la surface face à Will et Allan, tout sourire.
Will: Djaq!
Allan: Ça va?
Dans la galerie, Petit Jean a réussi à repousser ses adversaires. Il saisit la corde à son tour.
Le Shérif (en rage): Poursuivez-les!
Robin: Vite! Remontez Jean! Tirez! Tirez!
Petit Jean atteint à son tour la surface dans un grand éclat de rire. Il échange en suite un regard avec Robin: ils sont réconciliés. En dessous, le Shérif trépigne de colère tandis que Gisborne continue à geindre sous son bâillon.
Le Shérif (énervé): Oh, ne beuglez pas comme ça Gisborne! Peut-être à l'avenir réfléchirez-vous un peu avant de peindre vos bras comme une fille!
*** Épilogue ***
FORET DE SHERWOOD:
Au complet, les hors-la-loi sont de retour dans la forêt. Djaq s'approche de Robin qui se tient à l'écart, pensif.
Djaq: C'est la vérité que... qu'il y aurait eu la paix sans ce... sans ce Gisborne?
Robin acquiesce tristement.
Djaq (émue): Pourtant, tu l'as laissé partir... pour moi…
Robin évite le regard de Djaq sans lui répondre. Les autres membres de la bande se rapprochent, chargés de victuailles. Much tend une assiette remplie à Robin.
Much: Je vous ai apporté à manger.
Robin se détend et commence à manger. Petit Jean lui donne un coup de coude pour réclamer un peu de poulet. Robin lui en donne en souriant et toute la bande se régale dans la bonne humeur retrouvée.
*** Fin de l'épisode ***