Note: Plusieurs répliques de l'épisode sont en arabe notées entre [...]. Je vous demande donc votre indulgence pour la transcription des mots prononcés dans la mesure où cette langue m'est totalement inconnue. N'hésitez pas à rectifier/compléter. Locksley.
MINE DE TREETON:
Un jeune homme tout juste sorti de l'adolescence traverse en courant le camp installé au-dessus de la mine. Il se fraie un chemin au milieu des soldats et des hommes qui transportent des blessés sur des brancards.
Rowan: Poussez-vous! Poussez-vous!
Il arrive auprès de deux hommes penchés sur un troisième.
Père de Rowan: Tu arrives trop tard fils! Ton oncle est mort! Ils sont tous morts!
Submergé par un mélange de chagrin et de colère, le père de Rowan jette rageusement son bonnet dans le puits de mine le plus proche. Rowan, abasourdi par la triste nouvelle, étreint la femme en pleurs près de lui. Autour d'eux, le nuage de poussière se dissipe peu à peu et ne laisse entrevoir que morts, blessés et pauvres gens en pleurs. Un bruit de chevaux en approche fait réagir Rowan.
Rowan: Regarde Père, Gisborne arrive. Va lui parler, il faut que tu lui dises...
Arrivé avec une escorte de soldats, Gisborne met pied à terre.
Rowan: Père, dis-lui que sa mine est un piège mortel, que tu n'y retourneras plus...
Père de Rowan (à Gisborne): Aucun de nous ne redescendra dans ce trou!
Gisborne (froidement): Vous ferez ce que je vous dis.
Père de Rowan: Mon frère est mort!
Gisborne: Si j'en juge par ton insolence, toi aussi tu as envie de mourir.
Père de Rowan (en fixant Gisborne): Nous sommes en grève. Tant que vous n'aurez pas pris soin d'étayer cette mine, personne ne remettra les pieds là-dessous.
Gisborne s'approche du père de Rowan qu'il domine d'une bonne tête et le regarde avec mépris.
Gisborne: Tu préfères mourir ici?
Père de Rowan (sans baisser les yeux): Oui. Je préfère que mon âme erre à l'air libre que d'être à nouveau piégé dans ce puits.
Un cavalier survient. Gisborne se retourne pour accueillir Le Shérif qui descend de son cheval en se servant, comme à son habitude, d'un soldat comme marchepied.
Le Shérif (au soldat agenouillé): Reste là!
Gisborne: Ils disent qu'ils préfèrent mourir plutôt que de redescendre dans la mine.
Le Shérif: Vous ne devriez pas leur laisser le choix.
Gisborne fait volte-face et, tirant rapidement son épée de son fourreau, il embroche le père de Rowan sans que quiconque ait le temps d'intervenir.
Rowan (désespéré): Non!... Non, Père! … Père!
La femme(en sanglotant): Comment il a pu?
Rowan veut se jeter sur Gisborne mais ses proches le retiennent. Son père est mort sur le coup. Le Shérif semble particulièrement satisfait, il donne un coup de pied dans le corps sans vie du père de Rowan. Le jeune homme veut se précipiter sur lui mais les autres l'en empêchent.
Un mineur: Mon Dieu, il l'a tué!
Le Shérif: Bien joué Gisborne... (puis faussement aimable, aux mineurs)... Bon, profitez bien de votre grève, je ne doute pas qu'elle vous remontera le moral. A bientôt!
Le Shérif fait demi-tour, protégé par le cordon de soldats qui maintiennent les mineurs à distance.
Le Shérif (à Gisborne): Renvoyez-les tous.
Gisborne: Vous êtes sûr? Je croyais que le travail ne devait pas s'arrêter...
Le Shérif (ironique): Vous croyez? Vraiment? … J'ai pris mes précautions Gisborne, tout est sous contrôle. J'attends des ouvriers frais et dispos qui obéiront aux ordres.
Rowan, prostré sur le sol, a tout entendu de cette conversation privée. Le Shérif remonte sur son cheval en marchant sur le dos du soldat resté à genoux puis il s'adresse une dernière fois aux mineurs.
Le Shérif: D'ici demain matin, cette mine tournera à plein régime...alors que vous tous serez au régime sec!
Gisborne (aux mineurs): Mettez cet homme en terre avec les autres aux frais de sa famille... (aux soldats) Ils ne veulent pas travailler? Ils ne mangeront rien jusqu'à ce que je le juge bon! Ceux qui leur tendront la main seront pendus... (aux mineurs) Vous êtes tous renvoyés, rentrez chez vous.
Rowan , les yeux remplis de haine, regarde Gisborne s'éloigner.
*** Générique ***
FORÊT DE SHERWOOD:
Au petit matin, les hors-la-loi somnolent autour d'un feu qui crépite. Robin, lui, est réveillé et il se réjouit à l'idée de jouer un tour à Much. Il a embroché un morceau de pain sur une de ses flèches, et au moment où son ami s'éveille et s'étire, il tire la flèche qui passe entre les doigts écartés de Much et vient se planter dans un bout de bois derrière lui. Comme prévu, Much sursaute.
Much (à Robin): Je savais que ce serait plus fort que vous!... (il se lève pour récupérer le morceau de pain sur la flèche)... Si vous tenez tellement à participer à ce tournoi de tir à l'arc...
Robin (l'interrompant): Tu plaisantes?
Much lui jette un regard dubitatif.
Much: Si vous y tenez tellement, on pourrait improviser notre propre tournoi dans la forêt!
Robin: Je n'ai pas envie de prendre part à cette compétition... (il pique un autre morceau de pain sur une deuxième flèche)... même s'il y a une flèche d'argent à gagner.
Il s'applique et tire. La flèche passe au ras du visage de Petit Jean et vient se planter juste à côté de la couche d'Allan. Celui-ci s'empare du morceau de pain, très heureux d'avoir son petit-déjeuner sans obligation de se lever.
Much: Tant mieux! Parce que, le temps qu'on prenne du gibier et qu'on s'attable devant un repas convenable, il sera trop tard pour aller à Nottingham et pour y être pendu!
MINE DE TREETON:
Les mineurs sont réunis pour la mise en terre du père de Rowan. Le jeune homme, debout face à la tombe, fait un serment.
Rowan: Père je te vengerai. Gisborne paiera.
Le hennissement d'un cheval fait le sursauter. Le Veilleur de Nuit s'approche et lui lance un sac bien rempli.
Rowan: C'est de la nourriture?...(puis inquiet) Tu ne peux pas faire ça! Gisborne l'a interdit. Il a des yeux et des oreilles partout!
Sans un mot, le Veilleur de Nuit fait faire demi-tour à sa monture et s'éloigne. A peine sorti du camp de la mine, Gisborne fait irruption sur le chemin devant lui et, tirant son épée, il effraye le cheval qui se cabre et jette son cavalier à terre. Le Veilleur de Nuit se relève prestement, saisit les rênes de son cheval et le calme.
Gisborne: Rien de tel qu'une tragédie pour faire sortir les bonnes âmes! Où est ton chef? Je veux savoir où est Robin des Bois... (comme le Veilleur de Nuit ne répond pas, Gisborne se rapproche)... À moins que tu ne sois seul...Est-ce que Robin des Bois se juge trop important pour faire lui-même ses livraisons?... (toujours aucune réponse)...Tu n'es pas très bavard, hum? Mais c'est égal, tu parleras pour me supplier d'épargner ta misérable vie.
Soudain, Gisborne détend son bras et, d'un coup d'épée, entaille le poignet gauche du Veilleur de Nuit qui ne peut retenir un sursaut mais reste silencieux.
Gisborne (un peu surpris): Même pas un cri! Un cri ne coûte rien voyons! Fais un effort!
Alors qu'il se rapproche un peu plus, le Veilleur de Nuit lui envoie en plein visage un violent coup de poing de sa main valide puis, profitant que Gisborne est à terre, il enfourche son cheval et s'enfuit au galop. Vexé, Gisborne se relève et rengaine son épée avec mauvaise humeur.
FORÊT DE SHERWOOD:
Au camp des hors-la-loi, Robin s'amuse comme un gamin à tirer des flèches sur une cloche suspendue à une branche sous le regard perplexe de Petit-Jean. Will arrive en courant.
Will (excité): Le piège a fonctionné! On en a pris un! Un chariot, allons-y! Vite!
Dans un chemin creux, un homme vocifère après ses chevaux. Son chariot est complètement coincé dans une ornière et il ne parvient pas à le dégager malgré ses efforts.
Brooker (énervé): Argh! Stupide chariot et vous aussi stupides bestiaux!
Il se rend compte qu'il est encerclé par la bande des hors-la-loi. Allan et Much le menacent de leurs arcs. En soupirant, il prend une bourse sous le siège de son chariot et la lance en direction de Robin.
Brooker: Tenez! C'est toute ma fortune. Elle est à vous.
Much abaisse son arc et va ramasser la bourse. Il l'ouvre et y découvre une espèce de morceau de verre circulaire ébréché.
Much: C'est joli, mais guère appétissant.
Robin(en désignant le chariot bâché): C'est du bétail?
Brooker: Prenez-en un et laissez-moi partir. Vous pourrez les faire travailler, ils comprennent les ordres simples. Je dois les livrer au Shérif pour sa mine.
Robin retire brusquement la bâche du chariot et laisse apparaître une demi-douzaine de sarrasins entassés dans une cage.
Much (consterné): Des esclaves...
Robin jette un regard inquisiteur en direction de Brooker.
MANOIR DE KNIGHTON:
Dans sa chambre, Marian soigne la coupure infligée par Gisborne au Veilleur de Nuit. Pendant ce temps, au rez-de-chaussée:
Sir Edward (en ouvrant la porte): Messire Guy...
Gisborne: Puis-je la voir?
Sir Edward (laissant entrer Gisborne): Oui, je vous en prie.
Marian, qui a entendu arriver le visiteur, se hâte d'enrouler un bandage autour de son poignet. Sir Edward entre dans sa chambre au moment où elle a presque terminé.
Marian: Père...
Sir Edward remarque immédiatement les grimaces de Marian alors qu'elle finit de nouer le pansement autour de son poignet douloureux.
Sir Edward (surpris): Tu es blessée?
Marian: Une estafilade en passant près de la porte.
Sir Edward: Fais-moi voir.
Il tend la main pour examiner la blessure de Marian mais elle retire sa main et se détourne.
Marian: Non, non, non... Je vous dis que ce n'est rien... Qu'est-ce que Gisborne me veut?
Sir Edward: Je n'en sais rien. Viens, il faut descendre.
Marian enfile un peignoir et suit son père au rez-de-chaussée.
Gisborne (la saluant): Marian...
Marian (d'un ton léger): À quoi devons-nous cet honneur Messire Guy?
Gisborne (maladroit): Aujourd'hui je me rends ainsi que ...hum... je pense que vous devez le savoir... d'ailleurs, vous-même aviez peut-être l'intention... mais même dans ce cas, ça ne rend pas nécessairement ma demande superflue.
Marian (perplexe): Vous vous rendez?
Gisborne: Au tournoi du Shérif.
Marian: Ah...
Gisborne (fébrile): Alors, quelle est votre réponse?
Marian (en souriant): Pardonnez-moi Messire Guy, je n'ai toujours pas saisi votre question!
Gisborne: J'aimerais que vous m'accompagniez au tournoi comme mon invitée personnelle.
Marian (embarrassée): Euh, euh, je crains de ne pas être de très bonne compagnie, je me sens lasse.
Gisborne (en soupirant): Ah... Vos cheveux coupés vous font honte, mais j'y ai pensé, je vous ai apporté un présent. ...(il lui offre un coffret ouvragé qu'il avait déposé sur la table)... C'est une cape, tenez.
Marian: Je n'ai pas très bien dormi, c'est la seule raison.
Gisborne (froissé): Vous déclinez mon invitation?
Le père de Marian qui jusqu'à présent était demeuré à l'écart, intervient.
Sir Edward: Marian est fragile et elle est blessée.
Gisborne: Blessée?
Marian (promptement): Oui, mon orgueil! …Mon orgueil est blessé. Ma chevelure, comme vous l'avez deviné... Je vous remercie.
Gisborne (anxieux): Donc, vous viendrez avec moi?
En guise de réponse, Marian ouvre le coffret et esquisse un sourire timide.
Gisborne (satisfait): Bien, ça ne devrait pas manquer d'intérêt. Le Shérif est convaincu d'appâter Robin des Bois par ce biais. Il a même promis une flèche d'argent au vainqueur.
Sir Edward: Une flèche d'argent?
Gisborne: Oui mais il ne viendra pas, il fait exécuter ses crimes par ses laquais à présent. J'en ai croisé un ce matin.
Marian (candide): Un hors-la-loi?
Gisborne: Ou un villageois déguisé... Je finirai par le retrouver, il est marqué, je l'ai blessé au bras...(Sir Edward jette un regard en biais à sa fille)... J'ai été trop clément, j'aurais dû le tuer... (Marian lui sourit)...Bien, une voiture passera vous quérir...(Marian acquiesce)... Au revoir... (puis, avec une admiration évidente)... Ma Dame.
Sir Edward ouvre la porte et salue très froidement son visiteur.
Sir Edward: Messire Guy.
Après un dernier regard à Marian, Gisborne part. Sir Edward se hâte de refermer la porte et se retourne furieux. Le père et la fille se dévisagent.
Sir Edward: Tu me dois une explication, jeune fille! C'était toi n'est-ce pas?
Cherchant à écourter la querelle avec son père, Marian remonte rapidement l'escalier pour regagner sa chambre mais Sir Edward a bien l'intention d'avoir une discussion sérieuse avec elle et il la suit.
Marian: De pauvres gens meurent de faim! Des gens dont les semblables sont morts à la mine. Faudrait-il ne rien faire?
Sir Edward: Et quoi? Tu te prends pour Robin des Bois?
Avec un soupir d'impatience, Marian entre dans sa chambre et s'y enferme laissant son père sur le palier. De l'autre côté de la porte, Sir Edward insiste.
Sir Edward: C'est cela? Tu veux te mesurer avec Robin?
Marian (fâchée): Je ne me mesure avec personne! J'aide les pauvres depuis bien plus longtemps que Robin.
Sir Edward: Combien de temps?
Marian: Trois ans déjà.
Sir Edward (sidéré): Je te connais bien mal, n'est-ce pas...
FORÊT DE SHERWOOD:
Allan et Much regardent avec tristesse le chariot rempli d'esclaves.
Much: Je ne pensais pas revoir ça un jour... C'est un scandale, une honte... Un marchand d'êtres humains!
Robin s'approche en souriant de Brooker. Petit Jean l'observe, incrédule.
Robin: Tu reprendras bien un peu de vin?
Le marchand d'esclaves accepte avec joie la gourde que lui tend Robin. Du côté des hors-la-loi, c'est l'incompréhension: pourquoi leur chef est-il si aimable avec cet ignoble individu? Robin s'éloigne de Brooker et rejoint Allan et Much.
Allan: C'est pas pour faire de l'humour mais vous faites quoi? Un pique-nique?
Robin: On a besoin de lui, pour entrer dans la mine.
Much: C'est impossible de rentrer dans la mine!
Robin: Nous allons mettre fin à tout ça, c'est l'occasion rêvée. Nous allons fermer cette mine une fois pour toute... Ce trafic d'êtres humains doit cesser.
Robin s'en retourne vers Brooker, qui légèrement grisé par le vin, est de fort bonne humeur.
Brooker (en riant): Ah, ah, ah! Je croyais que vous aviez l'intention de me trancher la gorge, ou pire encore!
Robin: On ne tranche pas la gorge des gens. C'est trop sanglant. Si tu es rassasié, j'aimerais nourrir tes prisonniers.
Brooker (retrouvant son sérieux): Pas de viande... Ils perdent toute mesure, tu comprends. Et surtout, tu gardes tes distances. Ne les laisse pas respirer près de toi... à cause des maladies. Certains de nos soldats sont tombés raides morts après les avoir approchés.
Will (inquiet): Tombés raides morts?
Brooker: Oui! À un moment, ils étaient comme toi, fort comme un chêne et à l'instant d'après ils pissaient leurs cerveaux par les narines.
Brooker éclate de rire en voyant l'air effrayé de Will. Dans le chariot, un jeune sarrasin observe attentivement la scène en silence.
Brooker: Qu'ils boivent de l'eau! Ça leur suffira! Ils ont mangé des restes tout à l'heure.
Robin ramasse une outre remplie d'eau et la lance à Will.
Brooker: Le commerce d'êtres humains était un métier lucratif avant, et puis le Pape a interdit la vente de Chrétiens. Heureusement le Roi Richard préfère guerroyer à l'étranger.
Robin rejoint Will qui n'a toujours pas donné à boire aux prisonniers.
Robin: Will! Donne-leur de l'eau!
Will (pas très rassuré): Oui, je vais le faire.
Robin (à voix basse): Écoute, tu ne crois quand même pas ses fadaises?
Will : Non!
Robin (à voix basse): Et bien donne-leur à boire alors! Tu ne vois pas qu'ils sont morts de soif!
Will : Tu n'as qu'à leur donner, toi!
Robin (stupéfait): Écoute, il n'y a pas de maladie! C'est de l'ignorance, de la superstition et c'est...
Robin s'interrompt, son visage s'illumine et soudain il embrasse Will sur la joue.
Robin (à voix basse, à Will): Tu sais que tu es un vrai génie !... Petit-Jean! Va boire un coup avec notre ami!
Petit Jean (incrédule): Quoi!
Petit-Jean s'approche de Robin pour protester mais dès qu'il est assez près, Robin lui murmure:
Robin (en chuchotant): Je dois aller chercher quelque chose dans la forêt, j'ai besoin d'un peu de temps... (puis, souriant) S'il devait perdre conscience, Dieu te le pardonnerait.
Petit-Jean ramasse une outre de vin et se dirige vers Brooker. Il se retourne soudain vers Robin.
Petit Jean: Tu as dit "perdre conscience"?
Robin confirme d'un signe de tête et Petit Jean, un grand sourire aux lèvres, envoie son poing dans la figure de Brooker qui perd instantanément connaissance. Les hors-la-loi sont visiblement très satisfaits et Petit Jean, ravi, célèbre son geste d'une bonne rasade de vin.
MINE DE TREETON:
Rowan pose une dernière pierre sur la tombe de son père. Le Shérif et Gisborne arrivent suivis d'une escorte de soldats. Rowan les observe et les suit sans se faire remarquer.
Gisborne: Ça aurait pu être pire. Sans les esclaves, il aurait fallu fermer la mine.
Le Shérif: Les "esclaves"... Je préfère "main d'œuvre extérieure"... (désignant des femmes qui pleurent devant une tombe) Au fait, ces pleurs, ce deuil, c'est pénible. Faites-le interdire! … Ah, au moins personne ne portera le deuil de nos nouveaux ouvriers!...(les pleurs des femmes redoublent d'intensité) Oh, pfft, les femmes! Comment font-elles pour atteindre cette note haut perchée qui vous donne envie de vous percer les tympans avec une aiguille? Ne vous mariez jamais Gisborne!
Hum, les femmes... gardez vos distances comme si elles avaient... la lèpre.
MANOIR DE KNIGHTON:
Comme convenu, la voiture de Gisborne est venue chercher Marian pour la conduire au tournoi du Shérif. Avant de s'installer à l'intérieur de la voiture, Marian essaie d'expliquer calmement son point de vue à son père.
Marian: Vous vous souvenez, après le départ de Robin à la guerre, je suis tombée malade...(Sir Edward acquiesce)...C'est Sarah, la cuisinière, qui s'occupait de moi. Elle était toujours de bonne humeur. Un jour, elle n'est pas venue. Le médecin que vous aviez appelé à mon chevet m'a dit que sa fille était gravement malade, qu'elle l'était depuis longtemps. J'ai profité de votre sommeil pour aller voir Sarah et j'ai donné mes remèdes à sa fille.
Sir Edward: C'est très noble de ta part mais c'est devenu trop dangereux.
Marian: Sarah était tellement surprise que je puisse me soucier de ce qu'il lui arrivait! C'est ce jour-là que j'ai décidé que je ferais moi aussi la guerre... que je ferais la guerre à la pauvreté.
Le conducteur: Madame, Messire Guy vous attend.
Sir Edward (à Marian): Allons-y.
Ils montent tous deux dans la voiture mise à leur disposition par Gisborne.
FORÊT DE SHERWOOD:
Brooker est toujours inconscient. Robin expose son plan à ses compagnons tandis que Much examine avec curiosité un morceau de racine.
Robin: Il faudra se débarrasser des gardes. L'un d'entre vous doit se faire passer pour un prisonnier.
Petit-Jean: Oh, non...
Robin: Il faut quelqu'un pour lancer de l'intérieur la rumeur de la grippe turque!
Much: Un volontaire!
Robin: Oui Much, merci à toi!
Much (en tendant la racine à Allan): Allan!
Robin sourit en constatant que Much a vite désigné Allan comme volontaire.
Allan (en sentant la racine): Je dois manger cette racine?
Robin: Non, tu dois la mâcher, c'est tout... (cherchant à convaincre le groupe) Il n'y a rien à craindre! Si les gardes pensent qu'ils risquent d'être contaminés, ils chercheront à sauver leurs vies!
Much: Oh, je suis persuadé que seuls les plus bêtes vont se faire prendre! C'est pas sérieux, la grippe turque...
Robin: C'est humain d'avoir peur de ce qu'on ne comprend pas.
Will: J'ai pas eu peur!
Petit Jean et Much rient de la protestation de Will.
Much (ironique): Non...
Robin: Will, tu l'as parfaitement démontré. Si même toi tu as eu des doutes... les hommes du Shérif ne seront pas difficiles à effrayer.
Much: Non, ça marchera jamais. J'ai une autre idée: au lieu de s'en prendre aux hommes du Shérif, même s'ils sont stupides, parce ce que...Argh! Lâche ça!
Much, qui jouait avec la bourse volée à Brooker tout en parlant, vient de se la faire arracher des mains par le jeune sarrasin alors qu'il s'était approché de la cage.
Le jeune sarrasin: C'est à moi!... Volé!
Les hors-la-loi sont stupéfaits et Robin s'approche à son tour de la cage.
Robin: Tu parles notre langue!
Allan, qui s'était éloigné du groupe, siffle soudain et fait signe à ses compagnons de le suivre. Le signal fait sursauter Brooker qui commence à s'agiter mais Petit Jean lui assène un nouveau coup de poing et le marchand d'esclaves perd conscience encore une fois. Allan conduit la bande à travers la forêt jusqu'à un endroit proche qui surplombe un chemin. Une voiture approche.
Allan: Ça ne va pas te plaire Robin, mais je crois que j'ai aperçu Marian dans la voiture de Gisborne.
Robin scrute l'intérieur de la voiture et il constate, contrarié, qu'Allan a vu juste.
Will: Elle doit se rendre à Nottingham, au tournoi du shérif.
TREETON:
Rowan est de retour chez lui, il sanglote en parlant à la femme qui partageait son chagrin à la mine.
Rowan: Pourquoi est-ce que j'ai fait ça? Pourquoi est-ce que je lui ai dit de tenir tête à Gisborne? J'aurais mieux fait de tenir ma langue! Je lui ai dit de se battre pour se faire respecter, mais moi, qu'est-ce que j'ai fait? ... Gisborne et le Shérif sont passés à côté de moi et je n'ai pas levé le petit doigt! … (lui prenant la main) Toi et moi, on va s'en sortir. Ne t'en fais pas, je ne prendrai pas de risques stupides... pourquoi je prendrais des risques stupides... (il l'étreint) Il y a quelque chose que je dois faire. A tout à l'heure.
La femme: Non, n'y va pas!
Rowan: Je reviens... (il se dirige vers la porte)
La femme (inquiète): Non Rowan, reste!
Mais Rowan semble bien déterminé, il s'en va.
FORÊT DE SHERWOOD:
Brooker est toujours inanimé sur le siège de son chariot. Le jeune sarrasin joue à capter la lumière du soleil avec la loupe ébréchée qu'il a repris à Much tout à l'heure.
Much: [As salam]
Le jeune sarrasin: [Salam as]
Much: J'ai un moyen simple et efficace de t'aider à retrouver la liberté et moins dangereux que d'aller se jeter dans une mine férocement gardée.
Le jeune sarrasin: Oui, tu peux ouvrir la cage! C'est un moyen simple et efficace.
Much: Non, non. C'est bien plus futé! Il te suffit de renoncer à ton Dieu. De cette façon, personne ne pourra t'acheter.
Le jeune sarrasin: Renoncer à mon Dieu?
Much: Oui et fais semblant de croire au Dieu des Chrétiens. Mais ce sera sans conséquence parce que les dieux savent tout! Donc ton Dieu saura que tu ne fais que prétendre.
Le jeune sarrasin: Pourquoi je ferais semblant d'être chrétien?...(élevant la voix) Vous massacrez mon peuple au nom de la Chrétienté!
Much: Chut! Chut! Les Chrétiens ne peuvent être vendus, le Shérif ne pourra pas t'acheter. Tu seras libre et nous, on pourra rentrer et manger.
Le jeune sarrasin: Si c'est aussi facile que tu le dis, fais-le toi! Renonce à ton Dieu.
Much: Moi?
Le jeune sarrasin: Tu ne crois pas qu'il peut voir la vérité au fond de ton cœur?
Much: Si bien sûr, j'ai confiance. Il sait tout! J'ai...je pourrais renoncer à mon Dieu sans la moindre crainte!
Le jeune sarrasin sourit, visiblement il doute beaucoup que Much soit capable de renoncer à son Dieu.
Much (précipitamment en levant les yeux au ciel): Je ne crois plus en vous Seigneur!...(puis regardant le jeune sarrasin qui est surpris) Voilà! C'est dit! Facile!
Allan arrive derrière Much et lui donne une tape sur l'épaule. Much pousse un grand cri, il n'a pas la conscience très tranquille semble-t-il... Le jeune sarrasin sourit en constatant sa frayeur.
Allan (en riant): Allez, suis-moi! Viens m'aider à ligoter Brooker.
Much s'éloigne sous le regard moqueur du jeune sarrasin. Il fait quelques pas, puis il lève la tête vers le ciel.
Much: Je crois en Vous, évidemment!
MINE DE TREETON:
Le Shérif passe le temps en lançant des cailloux.
Le Shérif: Où est ce maudit marchand? Je devrais déjà être chez moi en train de déguster un bon verre de vin rouge et d'admirer votre archer. Quel est son nom?
Gisborne: Michaël Le Rouge.
Le Shérif: Michaël Le Rouge... c'est cela.
Gisborne: Monseigneur, si vous préférez rentrer à Nottingham, je me propose de rester...
Le Shérif (l'interrompant): Oh, vous laisser en charge de la mine? Pardonnez-moi mais quelle quantité de minerais de fer avez-vous ramené à la surface aujourd'hui?
Gisborne ne répond pas, le Shérif se retourne vers un soldat.
Le Shérif (au soldat): Toi là! Tu ne peux pas faire faire des manœuvres à tes hommes? Ah, il est dit qu'aujourd'hui je n'aurai pas d'autres distractions...
En souriant, il lance un caillou sur l'un des soldats qui passe pour défiler avec ses camarades.
Le chef des soldats (à ses hommes): Gauche...Gauche...Gauche... À mon commandement!... Gauche...Gauche...Gauche... Allez du nerf!
Le Shérif (en se dandinant en rythme): Et gauche, et droite...
Abrités dans la forêt, les hors-la-loi ont trouvé un poste d'observation idéal avec une vue plongeante sur la mine. Un peu plus loin, Much surveille Brooker, assis sur le siège de son chariot, les mains liées au-dessus de la tête.
Robin: On envoie Brooker une fois que le Shérif et Gisborne seront partis à Nottingham, Allan fait son numéro et nous, on attaque.
Petit Jean, Will et Robin reviennent vers le chariot et exposent les détails du plan.
Robin (à Brooker): Voilà comment on va s'y prendre: tu vas vendre tes prisonniers au Shérif comme c'était prévu; Allan se tiendra derrière toi déguisé en prisonnier. Si tu nous trahis, prends garde, il se pourrait qu'on revoie notre position sur l'égorgement.
Petit Jean (en se dirigeant vers l'arrière du chariot): Le feu! Il y a le feu!
La corde qui maintient la porte de la cage fermée est en train de brûler sous le regard satisfait du jeune sarrasin.
Much (ébahi): C'est une punition divine! Ah c'est ma faute! Pardonnez-moi Seigneur! Je crois en vous! Je crois en vous!
Will se hâte de dénouer la corde enflammée et de la jeter par terre avant que le feu ne se propage au reste du chariot.
Allan: Much, tais-toi s'il te plaît!
Le jeune sarrasin tente de forcer la porte pour s'enfuir mais Petit Jean l'en empêche en bloquant la porte.
Robin: Comment as-tu allumé ce feu?
Le jeune sarrasin: Laisse-nous partir!
Robin: Tu ne vois pas qu'on essaie de vous aider!
Le jeune sarrasin (en colère): Tu nous as volé pour nous vendre à un autre!...(puis, désignant Brooker) Tu ne vaux pas mieux que cet homme!
Robin: Attends, laisse-moi t'expliquer et après, si vous ne voulez pas nous aider, vous serez libres. Tu as ma parole... Comment tu t'appelles?
Le jeune sarrasin: Djaq.
Robin: Djaq, nous allons vous aider à vous échapper mais si vous partez maintenant, le Shérif aura toujours besoin d'ouvriers pour sa mine. De nouveaux prisonniers arriveront le mois prochain, de pauvres gens, comme vous! Nous allons détruire la mine mais pour cela il faut que vous collaboriez.
Djaq: Alors dis-nous: quel est ton plan?
Robin: Le Shérif va vous acheter mais cet argent sera pour vous. On vous guidera jusqu'à des passeurs qui vous mèneront jusqu'au port en toute sécurité.
Djaq (méfiant): Vous avez fait de nous vos ennemis et voilà que vous jouez les protecteurs! Et vous réclamez notre aide maintenant!
Robin soupire et ouvre grand la porte de la cage.
Robin (aux sarrasins): A eux de décider! Vous voulez tenter votre chance tout de suite? La porte est ouverte!
L'un des sarrasins s'adresse à Djaq en arabe.
Allan: Qu'est-ce qu'il a dit là?
Robin hausse les épaules en signe d'ignorance.
Djaq: Il dit que si vous ne nous laissez pas partir, il vous tuera.
Robin (en riant): Non non non, je ne crois pas qu'il ait dit ça! Il a dit [nousalei] Ça signifie "prier". … (au sarrasin qui ne parle qu'arabe) C'est ça que tu veux, faire tes ablutions et prier? Prier -[nousalei] ?
Le sarrasin acquiesce en souriant et Robin lui indique d'un geste qu'il peut sortir librement. Djaq semble surpris à la fois par sa proposition et par le fait qu'il parle quelques mots d'arabe.
Robin: Après vous nous aiderez? S'il vous plaît...
Robin et Much surveillent la mine où les soldats effectuent toujours des manœuvres pour distraire le Shérif. Will cherche Djaq qui s'est éloigné pour faire un brin de toilette.
Will: Robin a dit qu'on ne devait pas...
Il s'interrompt brusquement en trouvant Djaq torse nu, qui se couvre précipitamment d'une serviette avec un air courroucé.
Djaq: Tu m'espionnais!
Will (gêné): Non! C'est Robin... il a dit qu'il fallait se mettre en route, qu'il fallait...
Djaq est furieux, il passe rapidement devant Will. Alors que celui-ci fait demi-tour pour le suivre, Djaq relâche une branche sur son passage qui vient heurter Will en pleine face.
Brooker fait son entrée à la mine, il conduit son chariot bâché. Dissimulé derrière lui, Allan l'avertit.
Allan (à voix basse): N'oublies pas, si jamais ça tourne mal, toi aussi tu mourras!
Le Shérif: Pourquoi ce retard?
Brooker: J'ai contourné la forêt, je ne voulais pas tomber sur les hors-la-loi.
Le Shérif: T'ai-je demandé ton itinéraire? Non, n'est-ce pas... Le mois prochain, tu n'auras pas le moindre retard, c'est clair?
Brooker: Je n'aurai pas le moindre retard Monseigneur.
Brooker arrache la bâche de son chariot et dévoile ses prisonniers au Shérif.
Brooker (nerveux): Hé hé, les chaînes...
Il se hâte de prendre les clés des chaînes qui ferment la porte de la cage, puis l'ouvre grand afin que les soldats fassent descendre les sarrasins. Le Shérif les inspecte au fur et à mesure qu'ils passent devant lui. Il ne prête pas d'attention particulière à Allan, vêtu comme un esclave, la tête recouverte d'un turban et le visage à demi masqué par une pièce de tissu.
Le Shérif: Ah ça me plaît, c'est très bien.
Quand vient le tour de Djaq, dernier à sortir, le Shérif l'arrête au passage.
Le Shérif: Tu vas me faire une réduction pour celui-ci, il n'a pas de muscle!
Brooker: Ah, mais il a beaucoup d'énergie!
Le Shérif: De l'énergie? Un bout de fromage a plus d'énergie que lui!
Djaq crache par terre avec mépris devant le Shérif. En représailles, celui-ci lui assène une violente gifle qui le fait tomber à terre.
Pendant ce temps, les hors-la-loi ont la surprise de voir arriver Rowan près de leur poste d'observation. Robin se précipite sur lui pour l'immobiliser et le bâillonner de sa main avant qu'il ne les fasse tous repérer.
Robin: Qui es-tu?
Rowan: Je suis Rowan, fils de Dunn et je vais tuer Gisborne!
Robin: Si tu fais ça maintenant, la mine ne fermera pas. Tu vas saboter notre plan et mettre la vie d'un de mes hommes en danger.
Brooker et le Shérif poursuivent leurs tractations.
Le Shérif: Si l'un d'entre eux meurt dans le mois, et bien ce sera déduit sur la prochaine facture. Payez-le Gisborne... (Gisborne s'exécute et lance une bourse à Brooker)... Bien, allons, au travail!... (désignant un puits de mine aux sarrasins) Du fer! Du fer!
Le Shérif, Gisborne et leur escorte repartent à Nottingham où ils doivent assister au tournoi.
Rowan tente d'échapper à Robin mais celui-ci le maintient fermement.
Rowan: Je ne peux pas le laisser partir!
Robin: Si la mort de Gisborne ou du Shérif était utile au peuple de Nottingham, il y a longtemps que je leur aurais troué la peau!
Rowan (en colère): Il mérite de mourir!
Robin: Et alors, tu ne préfères pas les voir perdre ce qui compte le plus pour eux?
Rowan: Que veux-tu dire?
Robin: La mine! Le minerai de fer est leur force, leur puissance....
Quelques soldats sont restés pour encadrer les esclaves, ils les menacent de leurs fouets pour les pousser jusqu'au puits de mine. Allan, tombe à genoux devant un soldat et supplie.
Allan: Ne me mettez pas avec les autres, je vous en prie! Je travaillerai deux fois plus dur!
Le soldat (en dévoilant le visage d'Allan): Tu n'es pas un prisonnier de guerre, tu es Anglais.
Allan: J'ai déserté. Nous étions nombreux à avoir... c'est la grippe turque! Tous les autres y ont succombé sauf moi.
Le soldat: La grippe turque?
Allan: Nous les Anglais, on n'est pas très résistant... ils écumaient, ils se tordaient, ils se décomposaient...(Allan commence à tousser)...L'épidémie passait d'un homme à l'autre aussi rapidement qu'une traînée de poudre. Un pus noirâtre leur coulait du nez.
Un peu ébranlé par ce récit, le soldat se reprend et tend un pic à Allan.
Le soldat: Tais-toi et mets-toi au travail.
Poussés par deux soldats, Allan descend dans le puits de mine.
NOTTINGHAM:
Le Shérif et Gisborne arrivent à Nottingham où règne une ambiance festive.
Une marchande: Approchez, approchez! Goûtez mes galettes!
Marian et Sir Edward attendent tandis que le Shérif traverse la Cour encombrée pour rejoindre la tribune d'honneur.
Le Shérif (à Gisborne): Je ne sais pas ce qui est pire: les veuves braillardes ou ces paysans qui se pavanent. Avez-vous vu l'homme que vous avez affronté?
Gisborne: Il est de petite taille et blessé. La blessure doit être cachée par sa manche gauche, je devrais peut-être leur ordonner de montrer leur bras!
Le Shérif : Peut-être que vous devriez vous rappeler qui donne les ordres ici.
Gisborne (la saluant): Marian...
Marian (s'inclinant): Monseigneur.
Le Shérif (à Gisborne): La lèpre Gisborne, la lèpre...
Le Shérif va s'installer dans la tribune suivi par Gisborne qui fait un signe de tête à Marian et à son père pour qu'ils l'y rejoignent.
MINE DE TREETON:
Un sarrasin remonte du puits de mine en se tenant le ventre, il semble beaucoup souffrir et tombe sur le sol en se tordant de douleur. Brooker et les soldats le regardent, inquiets. Allan surgit à son tour, il paraît malade.
Allan: Ah Seigneur aidez-moi! Aidez-moi!
Le soldat (désignant le sarrasin souffrant): Tuez cet homme tout de suite!
Allan rampe sur le sol en direction du soldat.
Allan: Non! Ne le tuez pas, son sang est empoisonné. Si vous devez tuer quelqu'un, tuez-moi plutôt! Je sens la maladie en moi! Achevez-moi! Je ne veux...
Allan ne peut pas finir sa phrase, un liquide noirâtre s'échappe de sa bouche.
Le soldat (effrayé): Qu'est-ce que c'est que ça? Qu'est-ce qu'il a?
En poussant des gémissements d'agonie, Allan s'effondre devant le soldat et Brooker, médusés.
Les soldats (paniqués): Allons, partons! Partons! Dégageons d'ici! Restons pas là! Quelle horreur!
Les soldats s'enfuient, sous le regard de Djaq qui sort du puit de mine. Brooker veut leur emboîter le pas mais Allan lui attrape les jambes au moment où il passe près de lui. Le marchand d'esclaves tombe lourdement et Allan l'immobilise. Profitant de la fuite des soldats, les hors-la-loi arrivent en courant à la mine. Petit Jean se précipite au secours d'Allan qui peine à maîtriser Brooker.
Robin: Jean! Je veux qu'il reste conscient!
Tandis que Petit Jean se charge de Brooker, Allan se traîne sur le sol, il semble réellement malade.
Allan (nauséeux): Robin! Robin, qu'est-ce que c'est? Ça a un goût bizarre...
Robin: Cette racine n'est pas toxique mais surtout ne l'avale pas!... (Allan est pris de spasmes)... Ne l'avale pas, je te dis! Ne t'inquiètes pas, ça va aller...
Djaq regarde passer Will et Much qui se dirigent chacun en courant vers un puit de mine.
Robin: Installez les foyers! Autour des piquets et à l'intérieur!
Rowan (à Much): Je peux les allumer? Je veux réduire cet endroit en cendres.
Much: Désolé, c'est nous qui allons le faire.
Robin: Non, laisse-le faire! Il vengera son père.
Rowan adresse un regard reconnaissant à Robin.
NOTTINGHAM:
Au tournoi , le Shérif s'adresse au peuple et aux participants.
Le Shérif: À cause du scélérat qui se cache parmi vous, et afin de renforcer la sécurité, j'ai été contraint de prendre de nouvelles dispositions. Seuls les coupables auront des objections parce que les coupables ont forcément quelque chose à cacher. Donc, j'attends de vous une totale coopération.
Sur un signe du Shérif, deux soldats s'emparent d'un des participants et l'amènent de force devant la tribune.
Le Shérif: Aucun homme ne devra porter une manche à son bras gauche.
Pendant qu'un des soldats maintient l'homme, l'autre déchire la main gauche de sa chemise. Gisborne et le Shérif observent le bras nu du candidat. Spontanément, les autres participants retroussent la manche gauche de leurs chemises.
Le Shérif (satisfait): Oh! Et je vous souhaite à tous un bon tournoi!... (il se rassoit puis désignant un homme devant lui)..Hum, fais voir ton bras!... Non...
Sir Edward, assis à côté du Shérif, jette un regard inquiet à Marian installée à l'autre bout de la tribune vers Gisborne.
MINE DE TREETON:
Petit Jean immobile toujours le marchand d'esclaves qui tente une ultime négociation avec Robin.
Brooker: Je peux pas garder la bourse?
Robin (hochant négativement la tête): Tu es un être méprisable, un esclavagiste sans âme et sans cœur. Estime-toi heureux d'avoir la vie sauve.
Much: Ça veut dire non!
Robin (à Brooker): Maintenant, file!
Petit Jean (mécontent): Quoi!
Robin ordonne d'un signe de tête à Petit Jean de relâcher le marchand d'esclaves. Il s'exécute de mauvaise grâce et Brooker s'en va en courant.
Brooker: Je le jure, vous allez me le payer!
Much (réprobateur): Vous le laissez partir! Maître, il va courir tout droit jusqu'au Shérif de Nottingham. Et le Shérif et Gisborne vont enfourcher leurs chevaux et... (Robin acquiesce)... Ah! Je vois!
Will: Tu vois quoi?
Much (à Robin): Ils vont se ruer ici et vous, vous filerez au tournoi!
Robin (en souriant): Oui, bien que ça m'attriste beaucoup de priver Gisborne de ses roucoulades!
Rowan (étonné): Gisborne fait des roucoulades?
Robin: Oui, avec Marian!... (puis, à Djaq) Tu te rappelles la route dont je t'ai parlé?...(Djaq acquiesce) Une fois arrivé à l'abbaye...
Djaq (en l'interrompant):… Je rentre et je donne ton nom.
Robin lui tend la bourse que Gisborne avait remise à Brooker en paiement des esclaves.
Robin: [As-salâmou 'alaikoum] Djaq!
Djaq: [Alaikoumou s-salâm]!
Robin: Much! Je ne vois pas beaucoup de flammes!
Much: Mais Maître!
Will (prenant des mains de Much les deux pierres qu'il tient): Je m'en occupe!
Will s'agenouille auprès du premier foyer préparé et, frottant les pierres l'une contre l'autre, tente d'y mettre le feu. Djaq le rejoint.
Djaq: C'est trop primitif!
Captant les rayons du soleil avec sa loupe ébréchée, Djaq entreprend d'allumer le foyer. Robin et les autres hors-la-loi se regroupent et se prennent la direction de Nottingham.
Robin (satisfait): Ma foi, on l'a bien mérité cette sortie à Nottingham, pour nous récompenser de cette opération menée avec succès... à part l'ingestion accidentelle d'une racine par Allan!
Allan (inquiet): Elle va me faire quoi cette racine?
Djaq est parvenu à enflammer le foyer.
Robin (en souriant): Oui, je dirais que la journée s'est déroulée sans incident!
Il a à peine fini sa phrase qu'à côté de lui, Petit Jean tombe brutalement dans un trou profond. Les planches qui fermaient un ancien puit de mine étaient recouvertes de terre, elles ont cédé sous le poids de Petit Jean lorsqu'il a marché dessus sans y prêter attention. Les hors-la-loi se penchent immédiatement au-dessus du gouffre où leur compagnon a disparu dans un grand cri.
Les hors-la-loi: Petit Jean! Petit Jean!
NOTTINGHAM:
Le tournoi a commencé.
Le héraut: Concurrent suivant, Ford fils de Ford.... Ford fils de Ford!
Un tout jeune garçon s'avance pour tenter de remporter la flèche d'argent. Le Shérif s'ennuie.
Le Shérif: Aucun signe de Robin des Bois...
Gisborne: C'est un couard!
Marian se contrôle pour ne pas montrer son désaccord quant à ce jugement. Le jeune Ford tire sa flèche qui se plante au milieu de l'anneau extérieur.
Le héraut: Dans la cible.
Le Shérif: Votre Michaël Le Rouge ferait bien de remporter ce tournoi. Je n'ai pas envie de me séparer de cette flèche d'argent.
Gisborne (surpris): Mais, je pensais que si mon candidat gagnait, la flèche me reviendrait.
Le Shérif: Si Robin des Bois est assez fou pour se montrer et s'il gagne, je le ferai pendre haut et court et je garderai la flèche. S'il ne vient pas et que c'est votre homme qui remporte ce tournoi, il me remettra la flèche.
Gisborne (déçu): Je vois...
Le Shérif: Ou je vous en tiendrai responsable.
MINE DE TREETON:
Au fond de la mine, Petit Jean toussote, il ne tarde pas à perdre connaissance.
Robin (en criant): Petit Jean! Petit Jean, tu m'entends?
Rowan: Il faut mettre le feu à la mine! Le Shérif ne va pas tarder!
Robin (fermement): Pas avant d'avoir remonté Petit Jean... Je vais descendre.
Allan: Descendre! Et rester coincé là en-dessous avec lui!
Robin (avec autorité): Je descends l'aider!
Much: On a détruit les échelles pour en faire du petit bois!
Allan: Et si on peut pas le remonter?
Robin (énervé): Il est peut-être en train de perdre son sang!
Will: Peut-être qu'il a juste du mal à respirer?
Robin (furieux): Et alors? S'il étouffe tu trouves ça mieux!
Djaq s'approche avec les autres sarrasins.
Djaq: Moi je vais descendre, il faut une personne de petite taille.
Robin: Tu ne pourras pas le relever. Merci mais...
Djaq (l'interrompant): Il pourra s'appuyer sur moi et se soulever!
Robin: Il se peut qu'il soit blessé!
Djaq: Ou qu'il étouffe, je sais, j'ai entendu. Mon père était médecin.
Allan (dubitatif): Oui, et alors? Mon père était maréchal-ferrant et je sais pas comment on ferre un cheval!
Djaq s'éloigne en levant les bras au ciel, atterré par leur manque de confiance en lui. Robin le rattrape.
Robin: Non, Djaq s'il te plaît attends! Si tu penses pouvoir aider Petit Jean...
Djaq: Je pense pouvoir arrêter le saignement, je peux le ranimer.
Robin: Alors vas-y.
Djaq: Il me faut de l'argent, il doit y en avoir là-bas... avec le minerai de fer, il doit y en avoir.
Allan: De l'argent! Il veut qu'on le paye maintenant!
Djaq (affligé): Des traces d'argent, pas des pièces!...(Djaq donne quelques instructions en arabe à ses amis sarrasins)... Et aussi de l'eau.
Robin (à Much): Va lui chercher de l'eau.
Much se hâte d'aller chercher de l'eau tout en s'adressant à Dieu.
Much: Pardon Seigneur! Je jeûnerai un jour entier c'est promis, mais je vous en prie, aidez-nous!
Djaq montre à Robin une petite fiole attachée autour de son cou puis lui explique comment il compte procéder.
Djaq: Ça c'est de l'argent et ça de l'acide. Les deux ensembles forment un liquide qui arrête le sang. C'est pas grave si tu comprends pas...
Robin acquiesce puis retourne aider ses compagnons à préparer le sauvetage. Rowan, quant à lui, est très en colère.
Rowan : Parfait! Épargnez la mine de Gisborne! Sauvez sa fortune! Quant à moi je vais lui arracher le cœur! J'aimerais bien le voir courtiser une femme morte.
Seul Djaq a entendu ses menaces, les autres étant trop occupés pour se prêter attention à Rowan.
NOTTINGHAM:
Le tournoi se poursuit, un jeune homme tente sa chance mais sa flèche vient se ficher près de celle du jeune Ford. Aux côtés de Gisborne, Marian pèle une pomme avec un petit canif.
Le héraut: Encore un concurrent malheureux, personne n'a encore atteint le centre de la cible!
Gisborne (à Marian): On dit qu'en épluchant une pomme, une femme peut savoir qui elle épousera.
Marian (étonnée): Ah?
Gisborne: Oui, l'épluchure prend la première lettre du nom de l'élu.
Marian, qui comprend instantanément le sous-entendu de Gisborne, veut éviter que la dite épluchure ne ressemble à la lettre G. Elle la fait alors sciemment tomber à terre en simulant une maladresse. Déçu, Gisborne reporte son attention sur le tournoi.
Le héraut: Notre prochain concurrent est Michaël Le Rouge!
Gisborne: Ah! Il va vous impressionner.
Heureux de pouvoir montrer les prouesses de son candidat à Marian, Gisborne pose sa main sur son bras gauche pour attirer son attention. En retirant sa main, il est surpris de découvrir du sang sur le bout de ses doigts. Marian réagit très vite et entaille discrètement la paume de sa main gauche avec son canif.
Marian: Je crois que je me suis coupée.
Gisborne: Coupée au bras?
Marian: Non, à la main. Voyez!...(elle lui présente sa paume entaillée)... J'ai mis du sang sur ma manche.
Gisborne est troublé mais son attention est rapidement détournée par l'apparition de son poulain.
Le héraut: Le prochain candidat s'avance sur la ligne! C'est Michaël Le Rouge! Regardez!
Des acclamations accueillent le champion de Gisborne.
Un homme dans la foule: Vas-y!
Un autre homme: Taisez-vous, il va tirer!
Michaël Le Rouge s'applique et décoche sa flèche qui vient se planter à la périphérie du disque central rouge de la cible. La foule l'acclame, c'est la meilleure performance pour le moment. La flèche est passée au ras du visage de Brooker, qui essoufflé, vient de faire son apparition juste à côté de la cible. Il se précipite jusque devant la tribune, commence à tousser sans être capable d'articuler un seul mot puis désigne au Shérif la direction d'où il vient. Le Shérif le dévisage avec suspicion.
Le Shérif (à Gisborne): Vous ne croyez pas qu'il nous fait signe de le suivre?
Les deux hommes se penchent vers le marchand d'esclaves pour tenter de comprendre ce qu'il essaie de dire.
Brooker (entre deux quintes de toux): La mine!
Le Shérif: Bon... la mine et?
Brooker (en toussant): Robin... Robin des Bois!
Le Shérif tente de décrypter les paroles incohérentes de Brooker.
Le Shérif: Robin des Bois... hum, la mine.
Brooker: Venez... le feu...vite!
Le Shérif: Robin des Bois, la mine, le feu...
Il réalise soudain ce que veut dire Brooker et se lève vert de rage en hurlant.
Le Shérif: Soldats! Soldats!
Brooker tombe inanimé. Le Shérif et Gisborne enfourchent leurs chevaux et, accompagnés d'une escorte de soldats, ils galopent en direction de la mine.
MINE DE TREETON:
Allan observe Djaq préparer le mélange dont il a parlé à Robin.
Allan: C'est de la sorcellerie!
Robin: Pourquoi? Parce que tu ne comprends pas? Il a bien voulu nous faire confiance, à nous de faire de même...(puis, devant l'air dubitatif d'Allan)... Bon, va t'occuper de la deuxième corde.
Allan s'exécute. La mixture préparée par Djaq commence à fumer, il la verse rapidement dans la petite fiole attachée à son cou. Will ne semble pas plus convaincu qu'Allan.
Djaq: Descendez-moi dans le puits.
Les hors-la-loi s'activent autour du puits désaffecté.
Allan (à Much): C'est pas que je sois poltron mais on aurait dû rattraper Brooker. Il a dû prévenir le Shérif.
Much semble inquiet, les dires d'Allan le préoccupent et il est perdu dans ses pensées. Robin le rappelle à l'ordre pour qu'il vienne se joindre à lui et à Will pour tenir la corde qui va servir à descendre Djaq dans le puits.
Robin: Much!
Pendant ce temps, le Shérif et ses sbires traversent la forêt au grand galop.
Much (à Dieu): Trois jours et trois nuits...pas une miette ne franchira mes lèvres! Sortez-nous de là Seigneur!
Alors que le Shérif se rapproche chaque minute un peu plus, les hors-la-loi descendent précautionneusement Djaq dans le puits. Arrivé au fond, il se penche sur Petit Jean, inanimé.
Djaq: Tu m'entends le costaud? Réveille-toi!...(Djaq ouvre sa fiole et verse quelques gouttes sur la blessure à la tête de Petit Jean)...Je t'en prie, réveille-toi. Là, ça y est... tiens respire ça! Ça va te faire reprendre tes esprits.
Djaq approche le liquide fumant des narines de Petit Jean qui reprend conscience en grimaçant.
Djaq: C'est bien, ça va aller.
Petit Jean se redresse doucement en toussotant.
Djaq: Tiens! Mets cette corde autour de ton pied!
Petit-Jean s'exécute alors que le Shérif et sa troupe sont sur le point d'arriver à la mine. Djaq empoigne la corde qui lui a permis de descendre et ordonne aux hors-la-loi restés en haut:
Djaq: Tirez!
Robin et ses compagnons hissent maintenant Petit Jean avec difficulté. Le Shérif arrive suivi de Gisborne et des soldats.
Much: Maître! Le Shérif! Qu'est-ce qu'on fait!
Robin: Tirez plus fort! Cramponnes-toi Petit Jean!
Djaq a atteint la surface tiré par ses amis sarrasins.
Much: Robin! Les voilà!
Robin: Cramponnes-toi! Encore un effort, on y est presque!
Petit Jean apparaît en haut du puit.
Robin: Tire sur la corde! Tire!
Sous les hourras de ses compagnons, Petit-Jean est enfin sorti du puits. Allan et Djaq se précipitent pour l'aider à se relever et le soutenir. Le Shérif n'est plus qu'à quelques petites dizaines de mètre.
Much dégaine son épée et fait front avec Will armé de sa hache. Les sarrasins s'enfuient dans la forêt. Robin rejoint ses deux amis.
Robin: Allez mettre Petit Jean à l'abri, je vais m'occuper d'eux.
Devant l'air déterminé de leur chef, Much et Will ne discutent pas ses ordres et se replient. Robin plante une poignée de flèches dans le sol devant lui et fait face aux cavaliers en approche.
Much: Tous à couvert dans la forêt! Vite courez!
Pas téméraires, Le Shérif et Gisborne se sont arrêtés en gardant une distance de sécurité entre eux et le hors-la-loi. Les soldats mettent pied à terre et deux d'entre eux se précipitent sur Robin qui s'en débarrasse facilement. Le Shérif est furieux, il s'en prend à Gisborne:
Le Shérif: Où étaient vos gardes? En train de prendre un rafraîchissement?
Robin saisit une des flèches qu'il a préparé, l'enflamme et court la tirer dans le premier puits. Deux nouveaux soldats l'agressent. Il les repousse à coups de pieds et en utilisant son arc pour les frapper. Des flammes s'échappent désormais du premier puit.
Le Shérif (en rage): Éteignez ça! Éteignez ce feu tout de suite!
Robin se hâte de tirer une autre flèche enflammée qui atterrit dans le deuxième puits. A nouveau, un soldat tente de l'arrêter. Robin l'assomme comme les précédents avec son arc puis court avec une troisième flèche enflammée vers le dernier puits. Il se place tout au bord et décoche sa flèche en direction du fond. Les trois puits sont désormais en feu.
Robin (ravi):C'est une impression où ça sent le brûlé dans le coin!
Il court pour rejoindre ses compagnons.
Le Shérif (aux soldats): Éteignez ce feu! Oubliez les hors-la-loi! Sauvez la mine!
Avant de disparaître dans la forêt, Robin se retourne et provoque une dernière fois le Shérif.
Robin: Il ne faut jamais oublier les hors-la-loi!
Robin rejoint ses hommes un peu plus loin dans la forêt. Les sarrasins sont partis mais Djaq est encore là.
Robin: Où sont les autres?
Djaq: Partis.
Allan: Hé! Rowan va regretter d'avoir manqué ça!
Djaq: Lui? Il est allé se venger de son ennemi.
Robin (alarmé): Comment ça? Gisborne est ici!
Djaq: Non, sa femme... Il a décidé de lui briser le cœur en tuant sa femme.
Robin: Gisborne n'a pas de...
Robin s'interrompt soudain et blêmit. Il vient de comprendre les intentions de Rowan.
Much: Marian...
NOTTINGHAM:
Rowan vient d'arriver au tournoi et se présente auprès de l' homme qui gère les inscriptions.
L'homme: Rien ne fait davantage couler l'argent des pauvres que l'espoir d'en gagner. Ton nom?
Rowan: Rowan, fils de Dunn.
L'homme (en lui tendant un arc): Rowan, fils de Dunn. Tu préfères pas garder ton argent p'tit?
Rowan: Non, merci. C'est une pièce bien dépensée.
Rowan jette un regard à Marian, debout dans la tribune, en train de converser avec son père.
MINE DE TREETON:
Les soldats s'activent à jeter des seaux d'eau dans les puits de mine pour tenter de les éteindre. D'un seul coup, le premier puits explose, suivi du second et enfin du troisième.
Le Shérif (en colère): C'est fini! La mine est complètement détruite!... (puis hurlant après Gisborne) Vous auriez dû empêcher ça, imbécile! C'était forcément une cible de premier choix!
Gisborne: Sauf votre respect, Monseigneur, Robin des Bois devait être à Nottingham pour gagner la flèche... (tous deux réalisent au même moment qu'ils se sont fait manipuler)... Oh misère!
Le Shérif et Gisborne s'élancent au galop pour retourner à Nottingham laissant la mine se consumer derrière eux.
NOTTINGHAM:
Robin, Much et Will arrivent en courant à Nottingham. Rowan, dissimulé dans une échoppe face à la tribune, vise Marian avec son arc mais la jeune femme choisit ce moment pour partir. Will a repéré Rowan.
Will (désignant Rowan): Là-bas...
Robin: Il suit Marian! Venez!
Pour rejoindre Marian, les hors-la-loi sont obligés de contourner la cour encombrée. Pendant ce temps, Rowan a suivi Marian dans un couloir désert et, arrivant dans son dos, il la menace de son arc.
Rowan: Madame!
Marian se retourne et découvre Rowan qui pointe son arc sur elle.
Rowan: N'ayez crainte, ce sera bref... Je suis un bon archer.
Marian le reconnaît, elle essaie de le raisonner en lui parlant très calmement.
Marian: Ton père est mort à la mine, n'est-ce pas...
Rowan: Comment le savez-vous?
Marian: C'est difficile à expliquer mais... mais il devait sans doute t'aimer très fort parce que... tout le monde sait que c'est dangereux de descendre dans cette mine.
Rowan (la gorge nouée): Je lui avais dit de ne plus y aller.
Marian: Il voulait que vous ayez à manger, toi et ta famille...
Rowan (en colère): Votre galant savait très bien qu'il risquait sa vie!
Marian: Ton père devait le savoir lui aussi.
Rowan: Je suis venu vous tuer. Je veux qu'il souffre! Qu'il comprenne ce que c'est que le deuil!
Marian comprend que sa vie est en danger, elle garde pourtant son calme et choisit soigneusement ses mots.
Marian: Au risque de le payer de ta vie?
Rowan (rageusement): C'est tout ce que Gisborne mérite!
Marian: Ta mère va perdre l'homme de la maison deux fois de suite. Tu as pensé à sa souffrance à elle?
Rowan (la gorge nouée): Je ne peux pas ne rien faire, rester là à attendre les bras croisés.
Marian: Écoute, si tu veux faire souffrir le Shérif, tu dois gagner la flèche d'argent! Tu dis que tu es un bon archer, sers-toi de tes talents! Tu n'auras qu'à faire fondre l'argent pour en faire des pièces. Tu pourras nourrir ta famille pendant des mois, dédommagez les veuves des autres mineurs... à moins que tu ne préfères tirer sur une femme sans défense.
Marian perçoit une hésitation chez Rowan, elle en profite pour faire demi-tour en prenant le risque de lui tourner le dos. Pas certaine de l'avoir convaincu, elle s'éloigne très lentement. Rowan abaisse son arc. C'est à ce moment que Robin apparaît au bout du couloir face à Marian. Il semble particulièrement inquiet.
Robin: Marian...
Marian (un peu froidement): Mieux vaut tard que jamais, je suppose... Fais en sorte qu'il remporte le tournoi et la flèche d'argent.
Marian s'en va, abrégeant la discussion. Robin la regarde partir, encore troublé par ce qui aurait pu se produire puis il se tourne vers Rowan qui sanglote.
Rowan: Robin... Aidez-moi...
Le tournoi n'est pas terminé. Marian a repris sa place dans la tribune.
Le héraut: Le prochain concurrent est prié de s'avancer. C'est à présent le tour de Rowan, fils de Dunn!
Un homme dans la foule: Allez! Vas-y Rowan!
L'archer s'avance sur la ligne, une capuche couvre en partie son visage. Alors qu'il relève son arc pour viser la cible on peut reconnaître Robin qui a pris la place de Rowan. Il décoche sa flèche qui vient se planter en plein cœur de la cible: un tir parfait! La foule l'acclame et sous sa capuche, Robin esquisse un sourire de satisfaction. C'est le moment où le Shérif fait son apparition, juste à côté de la cible. Il examine la flèche fichée en plein milieu et à son tour il applaudit.
Le Shérif (enthousiaste): Bravo!
Alors que Marian et Sir Edward se lèvent pour se joindre aux applaudissements, Robin effectue une petite révérence à l'intention du Shérif.
Le Shérif: Robin des Bois!
Gisborne (aux soldats qui encadrent le tournoi): Emparez-vous de lui!
Robin s'élance dans la foule, les habitants de Nottingham tentent de protéger sa fuite en s'interposant entre lui et les soldats.
Une femme: Non, laissez-le!
Une certaine confusion règne dans la cour jusqu'à ce que deux soldats réussissent à immobiliser l'archer. Ils le traînent jusqu'à la tribune. Marian est livide. Le Shérif s'approche et ôte la capuche de l'archer faisant apparaître le visage souriant de Rowan. Gisborne lève les yeux au ciel en voyant qu'une fois de plus ils ont été dupés. Le Shérif n'apprécie pas la surprise. Quant à Marian, elle est visiblement très contente et soulagée. Après avoir échangé discrètement de place avec Rowan, Robin s'est glissé sous le plancher de la piste construite entre la tribune et la cible. Il a rampé et est ressorti à l'autre bout où il a été accueilli par Will et Much.
Robin (à Much): Cette flèche va permettre aux mineurs de nourrir leurs familles tout l'hiver. C'est une bonne chose! Tu ne crois pas?
Très heureux, il quitte Nottingham avec ses compagnons.
FORÊT DE SHERWOOD:
Robin, Will et Much sont de retour au camp.
Petit Jean (désignant Allan à Robin): Lui, il est dérangé!
Allan est en effet blanc comme un linge et nauséeux. Robin rit.
Robin: Rien à manger et à boire pendant un jour et une nuit et il n'y paraîtra plus!
Much: Oh, c'est aussi bien étant donné le peu de viande qu'il reste.
Robin: Much! Tu ne devais pas jeûner toi aussi?...(levant les yeux vers le ciel)...Tu as fait une promesse!
Much: Non...
Robin: Tu as fait une promesse...(montrant les cieux) à Notre Seigneur!
Much: Qui vous dit que c'est lui qui nous a sorti de là?... On s'en serait peut-être sorti de toute façon! Et si c'était grâce à lui, il nous aurait envoyé un signe... Et moi, j'ai pas vu de signe donc je vais préparer un feu, cuisiner, et rien de ce que vous direz ou ferez ne m'arrêtera!
La simple évocation du mot "cuisine" donne des spasmes à Allan. Quant à Robin, il est fort amusé par la mauvaise foi de Much.
*** Épilogue ***
NOTTINGHAM:
Le tournoi est terminé, personne n'a égalé la performance de Rowan (ou plutôt de Robin!).
Le héraut: Le champion du tournoi du Shérif et vainqueur de la flèche d'argent est Rowan, fils de Dunn!
La foule acclame Rowan et Marian lui remet en souriant la précieuse flèche d'argent. Le Shérif jette un regard furieux à Gisborne.
FORÊT DE SHERWOOD:
Much tente d'allumer un feu pour cuisiner. Il est stupéfait de voir un rayon lumineux éclairer le foyer et le bois s'embraser! En fait, le "miracle" est l'œuvre de Djaq dissimulé derrière un rocher un peu plus haut, qui a utilisé sa loupe pour allumer le feu. Djaq est enchanté de la farce qu'il joue à Much.
Much (ébahi): Ah! Ah! … C'est un signe!
Robin a repéré Djaq, il a du mal à se retenir de rire devant la naïveté de son ami.
Much: Ah! Ça signifie que Dieu m'ordonne de jeûner! ...
Il voit avec stupéfaction un lapin atterrir à côté de lui et scrute le ciel.
Much: …Ou bien peut-être qu'il veut que je mange? ...
Much regarde partout autour de lui cherchant une réponse divine quand un deuxième lapin atterrit à côté du premier.
Much: …Que je mange beaucoup?
Les interrogations de Much font sourire Petit Jean. Même si la situation l'amuse, Robin décide que la plaisanterie a assez duré.
Robin: Djaq! Viens donc te joindre à nous!
Much regarde avec étonnement Djaq sortir de sa cachette.
Djaq: Pour toujours?
Robin (en souriant): Ma fois, je pensais simplement au dîner mais...
Djaq: Et moi je pensais pour toujours. Mais peut-être que j'aurais dû laisser mourir votre ami "le costaud"? Comme ça il y aurait eu une place de libre...
Will (à Djaq): Ce serait imprudent de faire ça... de te joindre à nous.
Robin: Imprudent pour nous ou pour lui?
Will: Non, pour elle!
Petit-Jean n'en revient pas. Djaq lance un regard furieux à Will tandis que Robin sourit.
Robin: C'est bien ce que je pensais. Dis-moi comment tu t'appelles? Ton vrai nom je veux dire.
Djaq: Safiyya.
Robin: Safiyya ...
Djaq: Mais je préfère que tu m'appelles Djaq.
Robin: Djaq... Eh bien, c'est ton savoir qui a sauvé Petit Jean, tu lui as sauvé la vie. Nous te sommes donc éternellement redevables... (il se tourne vers ses compagnons) L'un d'entre vous s'oppose-t-il à l'entrée d'une femme dans le groupe?
Tour à tour, les hors-la-loi hochent négativement la tête. Djaq est heureuse de faire partie de la bande.
Much (à Djaq): Est-ce que tu sais...
Mais Djaq ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase.
Djaq: Non, je sais pas cuisiner!
Much (déçu): Ah...
Robin: Bien! Alors on va devoir se mettre aux fourneaux!
Le mot "fourneaux" déclenche de nouvelles nausées à Allan.
Much (à lui-même): Si cette chose avec le feu... c'était Djaq, et pas... un signe de Dieu... ça signifie que je peux manger? ou...
Much cherche une réponse dans le ciel. N'y voyant aucun signe, il décide de grignoter un petit morceau de pain. Alors qu'il vient de le mettre dans sa bouche, un coup de tonnerre retentit. Aussitôt Much recrache le morceau de pain et, croisant les bras, il se résigne à jeûner.
*** Fin de l'épisode ***