Sam 08/09

Interview de Rachel Crow parue sur le site Warwickshire Life durant l'été 2009

 

Quand votre grand-père a été Docteur Who, et que votre père est immédiatement reconnu pour A Very Peculiar Practice et Casualty entre autres, alors la chose la plus naturelle qui soit est de devenir acteur. Est-ce vraiment le cas ? Nous avons rencontré la star locale de Stratford, Sam Troughton.

Sam Troughton est venu me rencontrer en vélo pour notre interview au Courtyard Theatre à Stratford, légèrement négligé tout en souriant chaleureusement. Il est venu rapidement de l'autre bout de la ville où il est en pleine répétitions pour la première de The Grain Store de la dramaturge ukrainienne Natl'ia Vorozbhit, qui ouvre le 10 septembre dans le cadre de la nouvelle collection de la Royal Shakespeare Company Revolutions. "Ça a été une matinée difficile," admet l'acteur de 32 ans qui parle doucement. "Nous avons l'émission South Bank Show [émission culturelle anglaise de la chaîne ITV 1] qui filme aujourd'hui ce qui rend [la répétition] plus difficile. Vous devez être capable de vous ridiculiser un peu lors des répétitions."

En tant que membre de la troupe 'permanente' de la RSC jusqu'en 2011, en parallèle des répétitions pour The Grain Store, Sam joue également le rôle du 3ème Gentleman dans The Winter's Tale [Un Conte d'Hiver], programmé jusqu'au 3 octobre, et son rôle shakespearien le plus important et son plus grand défi jusqu'à aujourd'hui, Brutus dans Jules César.

"Ça peut être plutôt crevant ! Mais parfois les choses se nourrissent les unes des autres de façon intéressante. The Grain Store est très différent de Jules César parce que c'est une nouvelle pièce et qu'elle est une traduction de l'ukrainien, ça fait vraiment étranger. C'est au sujet de la famine en Ukraine donc les deux pièces se rejoignent dans le fait qu'elles soient toutes les deux sur des thèmes assez larges. Elles seront également dans le même théâtre (le Courtyard) donc [The Grain Store] aura la même tonalité épique que celle de César."

Ayant reçu des critiques dithyrambiques pour son intense et 'discrètement imposante' interprétation de Brutus, c'est plutôt un changement de registre par rapport [au rôle] qui a fait de Sam un nom connu – pour une certaine génération du moins – celui de Much dans la série extrêmement populaire de la BBC 1, Robin des Bois.

"Robin des Bois a marqué une grande rupture dans ma carrière en terme d'exposition. Être dans quelque chose qui est diffusé le samedi soir était fantastique," admet-il.

Alors que nous voulons tous être les maîtres de notre propre destinée, parfois les fondations sont si bien préparées pour nous, que c'est difficile de ne pas suivre une voie prédéterminée. Cela, ce qui pourrait être discuté, a été le cas pour Sam.

Fils des acteurs David Troughton et Alison Groves, neveu de Michael Troughton, qui a joué Piers Fletcher Dervis dans la sitcom d'ITV New Statesman, petit-fils du Dr Who Patrick Troughton et cousin d'Harry Melling, qui interprète Dudley Dursley dans les films Harry Potter, quand vous êtes élevé entouré par un héritage si 'dramatique', comment pouvez-vous résister ?

Emménageant à Stratford avec sa famille quand il avait huit ans, Sam n'a pas toujours eu, cependant, le projet de devenir acteur. "D'une certaine façon, vous imaginez que vous ferez ce que votre père fait, je suppose que tout le monde a pu avoir cette idée, mais ce n'est pas avant mes 16 ou 17 ans que j'ai pensé que j'aimais bien faire ça. C'était quand j'étais en train d'étudier Shakespeare pour l'épreuve d'anglais du A-level [l'équivalent anglais du bac] à la Trinity School de Leamington que je m'y suis intéressé un peu plus et c'était également l'époque où mon père faisait partie de la compagnie (RSC) qui faisait Richard III, ainsi ces deux choses sont arrivées en même temps. Mais mes parents m'ont laissé y réfléchir par moi-même."

Bien sûr, il a pris conseil auprès de ses parents: "Ce n'est rien de très sérieux," dit-il en riant. "Maman et papa ont été d'une très grande aide pour préparer César, c'était génial d'en parler avec eux. Ils étaient très contents, certainement, que je devienne acteur parce que je faisais ce que je voulais faire, bien que mon père ait dit que je devrais plutôt devenir metteur en scène comme ça je pourrais lui donner du travail !"

Diplômé d'art dramatique de l'université de Hull il y a dix ans, Sam est parvenu à ce jour à jouer dans un grand nombre de pièces de théâtre, films et œuvres pour la télévision. Ses précédents rôles pour la RSC inclus Henry VI Parts I and II et Richard II dans la saison 2000-2001 de Michael Boyd intitulée The Histories [cette saison la RSC n'a présenté que les 'pièces historiques' de Shakespeare, c'est à dire celles sur l'histoire de l'Angleterre], alors que son travail au cinéma a consisté à travailler avec Mike Leigh sur Vera Drake et à être attaqué par un monstre dans Alien vs Predator. Ayant passé trois ans en Hongrie pour tourner Robin des Bois, Sam était ravi de ranger son arc et de revenir à Stratford pour prendre une place dans la troupe de la RSC.

"C'est excitant parce que ce genre de travail n'existe plus vraiment. C'était le moment parfait pour moi et il y a des rôles excitants à jouer qui sont non-refusables, vraiment. J'ai commencé au théâtre, mes cinq premières années furent largement de la scène et les cinq dernières principalement à l'écran, donc le temps était venu de revenir et de faire du Shakespeare quelques temps. D'une certaine façon, vous devez 'désapprendre' ce que vous faites pour l'écran, pour être plus concret, le faire plus simplement et apprendre comment occuper un théâtre. Ça a été parfois plus dur que ce que j'imaginais et un peu des montagnes russes, ça a été un défi d'y revenir."

Sam est revenu à Stratford, avec sa compagne actrice Rajere, il y a trois ans , pour élever leur fils âgé de quatre ans, Finlay. Rajere a récemment fait une apparition dans la dernière saison de Torchwood et le couple s'est rencontré quand ils travaillaient au National Theatre.

Connu comme Much par beaucoup des amis de Finlay, Sam se réjouit de l'opportunité que [le fait] de travailler à Stratford lui a donné de passer plus de temps avec sa famille et ses amis, de 'vivre une vie de tous les jours' comme emmener Finlay au parc l'après-midi avant une représentation. "C'est génial d'avoir un vrai environnement pour travailler après avoir passé tant de temps à travailler à l'étranger."

"C'est aussi sympa d'être de retour en Angleterre, je vais pouvoir regarder le cricket," ajoute Sam, son frère Jim Troughton est le joueur de cricket célèbre d'Angleterre et du Warwickshire, et son plus jeune frère William 'Wigsy' joue également pour Stratford First XI. "Je n'ai jamais fait de saison estivale avant à Stratford et il y a vraiment un attrait pour l'endroit à cette période. Les gens viennent du monde entier pour voir les pièces ce qui est excitant et vraiment réjouissant."

"Après une représentation nous allons souvent au Duck et c'est sympathique que les acteurs et les spectateurs finissent au même endroit. Il y a beaucoup de gens qui sont très passionnés au sujet de Shakespeare et qui ont des opinions plutôt arrêtées, donc c'est intéressant d'entendre leur point de vue. La plupart des retours sont bons," dit-il en souriant.

Quand les dernières traces de l'été seront parties, Sam commencera les répétitions pour son prochain grand rôle, celui de Roméo dans la version de Roméo et Juliette de la RSC qui sera jouée l'année prochaine; un rôle qu'il admet avoir été surpris d'avoir. "Vous vous demandez quels rôles vous allez jouer mais la plupart du temps il y en a auxquels vous ne vous attendez pas. Je ne me serais jamais autant investi dans le rôle de Brutus si je ne connaissais pas si bien Jules César et j'ai pensé que j'étais trop vieux pour jouer Roméo à 32 ans. Mais vous ne savez jamais." Sous contrat avec la RSC jusqu'en 2011, Sam attendra de voir où le travail le conduira après ça bien qu'il s'inquiète de la diminution des fonds disponibles pour la production télévisuelle de qualité. "C'est plutôt des temps précaires en ce moment avec la situation financière générale. Les séries dramatiques sont chères à produire et ne peuvent rivaliser, en terme d'audience, avec les émissions de concours qui sont incroyablement peu chères à faire, mais c'est pour ça que nous avons la BBC pour dépenser de l'argent pour des trucs qui n'auront pas 19 millions de téléspectateurs. Ce sera intéressant de voir ce qui sera fait dans les trois ans à venir."

"J'aimerais également faire des films et ce serait génial de retravailler avec Mike Leigh qui est un gars très intéressant et qui a une façon unique de travailler. Finlay aimerait probablement me voir dans un film avec des monstres – quelque chose comme Transformers ou une fourmi mutante géante en plein milieu de sa rue !"

Et est-ce que Finlay montre des signes de continuer la lignée d'acteurs de la famille ? "Dieu seul le sait, nous avons déjà eu trois générations donc une quatrième serait officiellement une dynastie je suppose ..."

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